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Conversion dans la scène punk française

Après plusieurs années d’errance sur les chemins de l’ésotérisme et de la toxicomanie, j’ai fini un soir avec une overdose sur mon balcon. J’étais là avec ma seringue plantée dans le bras, couché sur le dos, fixant le ciel et ne pouvant plus bouger ni parler. Je sentais la vie me quitter doucement. Réalisant que j’étais en train de mourir sans que personne puisse le savoir et intervenir, un sentiment de froideur, de désespoir et d’impuissance m’a envahi.

Qui pouvait entendre le cri silencieux qui s’élevait de mon âme, si ce n’est Dieu? Je lui ai donc adressé par la pensée ce cri de détresse et, petit à petit, la vie est revenue dans chacun de mes membres et j’ai pu me relever. Malgré cette grâce incroyable, dans l’heure qui a suivi ma seringue perçait ma veine pour la treizième fois de la journée. Je n’arrivais plus à être défoncé, même par le mélange d’alcool et de drogues diverses.
Après un an de prison, je n’ai pu résister de nouveau à l’appel de l’héroïne. La nuit, je cogitais sur le mauvais coup que j’allais monter le lendemain pour nous payer «l’héro» qui nous était nécessaire.

Au milieu de ma cité, il y avait un centre protestant qui servait de lieu de rencontre pour diverses associations. En 1989, je leur ai demandé l’autorisation de répéter sur leur propriété avec mon groupe No Fuck Bébé, qui était passé plusieurs fois à la télé les années précédentes sur des thèmes comme la banlieue ou la jeunesse.
Nous étions l’un des groupes de cette nouvelle vague qui a fait éclater tous les clichés. Nous sommes devenus malgré nous des prophètes du «No Future», injectant à travers notre musique, nos textes, notre «punk attitude» un poison dont beaucoup ne sont pas encore guéris. Le sang coulait presque à chacun de nos concerts, les gangs des diverses cités descendant s’affronter dans l’arène que nous leurs offrions.

C’était notre élément, bombé sur notre cœur: «Made in la rue.» C’est sur le bord de cette rue sans issue que nous avons laissé plus d’une vingtaine de nos camarades: mort par overdose, règlement de compte, suicide, sida, pour une cause qui n’en valait pas la peine; c’étaient tous des gamins qui refusaient le système en s’autodétruisant. Toute une jeunesse sacrifiée. Notre premier guitariste est mort assassiné d’une balle dans la tête, notre chanteur atteint du sida s’est transpercé de plusieurs coups de couteau pour mourir, il s’est achevé par pendaison. Notre bassiste est mort du sida. Laurence, bassiste et mère de ma fille, est décédée dans l’incendie de sa maison avec son mari et ses trois enfants. Il ne reste que Jimmy, le batteur, et moi, le guitariste, qui sommes vivants aujourd’hui. La liste de tous ceux qui nous ont quittés n’est pas exhaustive, elle ne fait que s’allonger avec le temps. La culture punk n’a fait que passer, mais elle a tout explosé. Nous étions animés d’un profond dégoût et le rejet de toute institution, nous noyant dans la bière, le sexe, la drogue, la violence et la mort.

N’ayant plus rien à perdre, j’ai laissé Dieu décider de mon sort en lui donnant une chance de changer ma destinée. J’ai frappé à la porte de ce chrétien (le gérant du lieu de répétition) et lui ai dit: «Si ton Dieu ne peut rien faire pour moi aujourd’hui, il y a une corde dans mon squat qui m’attend!» Il a appelé un pasteur. Je l’ai attendu toute la journée dans le salon, j’étais très mal, en plein manque. Il est enfin arrivé, s’est jeté à genoux, a levé les mains au ciel et a invoqué Dieu, lui demandant de venir me libérer.

La pièce s’est comme éclairée, une présence a commencé à la remplir. J’ai flippé, j’avais envie de me tirer, des larmes coulaient de mes yeux; j’ai voulu me lever, mais j’étais paralysé, mes membres ne fonctionnaient plus. Je ne pouvais même plus bouger mes mains qui étaient jointes, des vagues d’amour m’envahissaient. Cette présence invisible s’intensifiait. Cet homme intercédait auprès du Père, demandant pour moi la grâce et la guérison. Il a posé ses mains sur moi. Une chaleur intense comme un feu est alors entrée en moi; cela m’a procuré un profond soulagement. Proclamant le nom de Jésus, il a ordonné à un démon qui s’appelait «destruction» de sortir de moi. Mon ventre me brûlait et quelque chose s’est mis à bouger et à remonter; j’avais envie de vomir, puis ma bouche s’est ouverte et cette chose est sortie. Cet homme m’a demandé si j’acceptais que Jésus vienne vivre dans mon cœur; j’ai dit: «Oui, je le veux.» A cet instant j’ai été rempli d’une grande paix, comme un fleuve qui m’a submergé. C’était le 19 novembre 1989, il était dix-huit heures trente et je venais de donner ma vie à Jésus le Christ.

Le jour suivant je n’étais plus en manque; j’avais été totalement et instantanément libéré de seize années d’esclavage aux drogues.
Un nouvel avenir s’offrait à moi, avec des perspectives incroyables; j’avais 28 ans, j’étais libre, mais complètement cassé par la vie que j’avais vécue. Chaque soir, à genoux pour prier, des tas de souvenirs remontaient à la surface et je prenais conscience des préjudices que j’avais créés autour de moi. J’ouvrais les yeux sur le mal que trop de personnes avaient subi par ma faute et les souffrances que cela avait occasionnées dans leurs cœurs. Cela a duré deux mois environ; j’en ai versé, des larmes! Cette repentance m’a conduit à payer mes dettes, à restituer des objets volés et à aller chez mes parents pour leur demander pardon. Aujourd’hui je suis marié, j’ai quatre enfants et je suis plein de reconnaissance envers Dieu pour de si beaux cadeaux. «C’est ta bénédiction qui enrichit, elle ne se fait suivre d’aucun chagrin.»

René Phillips
www.madeinrene.comwww.myspace.com/lespunkotistesCette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

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