Ah! Cette fichue autorité...!
Qu’est-ce qui influence mon vécu de l’autorité?
Nos émotions sont souvent vives à ce sujet, parce qu’il touche à nos propres rapports avec des figures d’autorité, souvent les parents, et aussi les instituteurs, les entraîneurs, les pasteurs, les responsables de groupe de jeunes, etc. Toutes ces personnes marquent notre attitude face à l’autorité, parfois de façon très positive en laissant la trace d’un apport inestimable et très constructif dans notre vie, parfois malheureusement de façon moins positive en laissant place à un traumatisme plus ou moins profond, dont le temps n’efface pas toujours les conséquences. Le plus souvent, ces traumas sont venus de deux manières, soit par trop d’autorité (autorité abusive), soit, à l’inverse, par un manque d’autorité ou de présence. Dans les deux cas de figure, l’impact négatif est lourd.
Voyons l’exemple de Steve, tiré du livre "Dieu, un cœur de Père". Ce jeune homme demande à l’auteur, Floyd, s’il désire connaître le moment le plus heureux de sa vie. Floyd accepte sans se douter de ce qu’il va entendre: «C’est le jour de mes onze ans; le jour où mon père et ma mère se sont tués dans un accident de la route. Tous les jours, ils me disaient qu’ils me haïssaient et qu’ils ne voulaient pas de moi. Mon père ne me supportait pas et ma mère me rappelait continuellement que mon existence était un accident. Ils n’ont pas désiré ma naissance. Je suis content qu’ils soient morts», ajouta-t-il d’une voix vibrante d’amertume.» Ce jeune homme avait ensuite rejeté toute autorité sur sa vie et errait à travers le monde, toxicomane faisant la route.
Notre vécu face à des figures d’autorité passées influence la perspective avec laquelle nous vivons notre rapport avec les personnes qui ont autorité sur nous dans le présent. En fonction de ce vécu, nous pouvons projeter sur notre responsable des attentes démesurées et irréalistes, espérant qu’il viendra combler les manques passés ou réparer ce qui a été douloureux. Ces attentes seront évidemment toujours déçues et amèneront des tensions avec le responsable, inconscient de ces enjeux. A l’inverse, nous pouvons avoir développé une espèce d’hypersensibilité qui nous fera croire à de l’abus à chaque décision de nos responsables qui ne nous convient pas, alors qu’il n’en est rien. Il est fort intéressant de noter que, dans les discussions informelles ou de bistrot, le thème est souvent le chef et toutes ses erreurs, ses imperfections – et tous les noms d’oiseaux qui vont avec. On a l’impression que, dans notre région, il n’y a que des chefs incompétents!
La réalité est que nous aurons toujours sur notre chemin des autorités bienveillantes et adéquates, et d’autres qui ne le seront pas. De plus, toute saine autorité doit prendre des décisions impopulaires, incomprises et même parfois pouvant paraître dures pour certains. La question essentielle est alors: «Comment vais-je réagir face à une autorité dont je ne comprends pas les décisions ou avec les décisions de laquelle je ne suis pas d’accord? Vais-je choisir de réagir d’emblée négativement, me sentir blessé ou vais-je pouvoir faire confiance?» Remplaçons le mot autorité par pasteur, cela interpelle…
Un problème en engendre un autre; si nous ne traitons pas selon Dieu nos blessures affectives, elles nous pousseront à l’indépendance vis-à-vis de lui, indépendance qui, à son tour, produira de l’orgueil, et le risque est grand d’entrer dans tous les travers qui vont avec ce genre de blessures tels que la critique, le repli sur soi, le jugement, la division et un idéalisme malsain.
Jésus a payé le prix fort pour ma liberté et c’est cette réalité qu’il me faut choisir résolument, liberté de chérir, de soutenir, et aussi de reprendre et de confronter mes autorités avec ouverture et affection.
Jean-Luc Ziehli, pasteur
