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Louer dans l’adversité

Des pluies diluviennes se sont abattues sur la région du Queensland, en Australie, ce début d’année. Plus de cent mille maisons ont été touchées et une superficie comparable à celle de l’Allemagne et de la France réunies était sous les eaux. Plusieurs dizaines de personnes sont décédées.

Le 10 janvier 2011 dans la ville de Toowoomba, qui se trouve en haut d’une colline, quinze centimètres d’eau sont tombés en trente minutes seulement. Cette énorme masse s’est déversée dans la rivière, emportant tout sur son passage et ravageant les villes dans la vallée. Ce phénomène qualifié de tsunami terrestre mesurant jusqu’à trois mètres de haut et large de plusieurs kilomètres a parcouru une distance de cent trente kilomètres pour atteindre Brisbane. Cette ville, peuplée de plus de deux millions d’habitants, a été sévèrement touchée. Plus de vingt mille maisons ont été inondées. Quelques jours après, le cyclone Yasi a frappé les côtes entre Cairns et Townsville avec des vents atteignant deux cent nonante kilomètres par heure, causant d’énormes dégâts matériels.

Drew est responsable de louange dans l’église baptiste Gateway de Brisbane, en Australie. Il est le compositeur de plusieurs chants de louange. Interview de son vécu dans ces circonstances...

Comment les Australiens vivent-il ces catastrophes naturelles?

Dans la culture australienne, il y a une forte identité nationale et une grande unité dans l’adversité. Les conditions de vie sur ce continent sont rudes. Nous sommes habitués aux situations extrêmes et savons qu’elles se produisent de manière cyclique. Toutefois, le nombre et l’intensité de ces catastrophes depuis le début de l’année 2011, c’est-à-dire inondation, cyclone, vague de chaleur et feux de brousse, ont mis notre nation à l’épreuve. Nous essayons de lutter contre les éléments naturels avec pragmatisme.

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En tant que chrétien, qu’as-tu ressenti face à de tels événements?

Pour certains, tout ce qui arrive dans la vie est soit une bénédiction de Dieu, soit une malédiction divine, soit une attaque de l’ennemi.Personnellement, je crois que Dieu est la source de toutes bénédictions, car «tout ce qui nous est donné de bon et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, en qui il n’y a pas de variation ou d’ombre de changement» (Jacques 1:17). Je crois également à la correction divine et je sais aussi que l’ennemi est à l’œuvre. Mais j’ai le sentiment que certaines choses qui se passent sont simplement le fait de circonstances malheureuses. Le fait de s’installer sur une terre aussi inhospitalière que l’Australie est déjà un défi en soi. Construire des villes le long des côtes ou au bord d’un fleuve relève de l’irresponsabilité des hommes qui prennent ces risques.

Qu’as-tu fait durant les heures qui ont précédé l’arrivée des eaux?

Nous avons loué et adoré, mais nos cœurs étaient lourds car nous étions dans l’expectative des événements que nous allions vivre. Nous avons épanché nos cœurs devant lui. Beaucoup de personnes ont prié et nous avons vu sa grâce. Alors qu’on nous annonçait un niveau d’eau de cinq mètres et demi, il n’y a eu «que» quatre mètres et demi et les conséquences ont été significativement moindres.

Quelle a été la réponse des églises de Brisbane à la suite de l’inondation?

Toutes les églises se sont mobilisées pour aider les sinistrés en offrant de l’aide pratique. Plus de soixante mille personnes, dont plusieurs milliers de chrétiens, ont participé aux opérations de nettoyage dans la ville. Je crois que les chrétiens portent en eux une espérance qu’ils ont pu transmettre à ceux qui souffrent. J’ai aussi vu beaucoup de compassion se manifester par ceux qui ne sont pas croyants. Cela m’a remis en question en tant qu’enfant de Dieu et m’a rappelé qu’eux aussi sont faits à son image.

Comment t’es-tu impliqué sur le terrain?

La première chose à faire, c’est d'aller là où le Saint-Esprit t’envoie. Obéir, c’est aussi une manière de louer le Seigneur. Je me suis porté volontaire, car je crois qu’en aidant les victimes, nous témoignons de l’amour de Dieu pour elles. En mettant la priorité sur les autres dans notre quotidien, notre louange est agréable à Dieu car elle vient d’un cœur sincère qui veut partager son amour concrètement. J’ai été particulièrement touché par la situation d’un couple d’Asiatiques qui venaient juste d’acheter leur maison et qui ont subi d’importants dommages. Tous leurs biens étaient pour la plupart irrécupérables et cela a brisé mon cœur de les voir ainsi démunis.

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Pourquoi est-il difficile de louer dans l’adversité?

Nous louons souvent le Seigneur par habitude, mais, lorsqu’un malheur s’abat sur nous, c’est un choix qui nous coûte vraiment. Quand tes yeux voient la souffrance, ton cœur n’est pas à la fête et c’est plus dur de célébrer Dieu. J’ai choisi de l’adorer en toutes circonstances parce qu’il est là, particulièrement proche, même au milieu d’une tragédie que je ne comprends pas.

Comment concilier l’amour de Dieu avec la souffrance?

Je n’ai aucun problème à concilier l’amour de Dieu avec ce que nous vivons de difficile, car ce sont les réalités de ce monde déchu. Dans ces moments-là, il est très important de se souvenir que le Père nous épaule en posant son regard d’amour sur nous. Comme le décrit si bien le Psaume 23, je considère que les épreuves que nous traversons sont une occasion pour Dieu de nous démontrer son amour. Il est le bon berger qui protège, qui soigne et qui nourrit au milieu de l’adversité.

Qu’as-tu appris dans l'épreuve?

J’ai réalisé que nous avons une plus grande considération de la valeur de la vie et de ceux qui nous entourent. Des désastres se produisent un peu partout dans le monde mais, quand nous sommes nous-mêmes touchés par une catastrophe, notre regard change et nous commençons à voir avec les yeux de Dieu.

Par D. L.

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