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Un projet un peu fou

Interview de Guy et Joële Zeller par Mathieu Freymond

Chaback: Bonjour, pouvez-vous vous présenter et nous expliquer votre projet?
Famille ZellerGuy et Joële Zeller: Nous habitons en Suisse près d’Yverdon-les-Bains et nous sommes parents de cinq enfants. Après avoir exercé quelques années le métier d’enseignants, nous nous sommes engagés avec Jeunesse en Mission, plus spécifiquement dans le ministère des Fabricants de joie (FJ) qui travaille auprès des enfants, des jeunes et de leur famille. Notre cœur a toujours été de préparer la prochaine génération pour qu’elle connaisse son Dieu intimement, qu’elle l’aime passionnément et qu’elle le serve avec ferveur. Pour nous, cela est passé par l’abandon de nos sécurités, notre salaire, nos véhicules, notre appartement, nos familles… Notre appel de départ était celui d’Abraham: «Va, quitte ton pays et va dans le pays que je te montrerai!» (Genèse 12:1), avec aussi la promesse, comme les Israélites l’ont expérimenté avec la manne, que Dieu pourvoirait à nos besoins même si notre famille grandissait. Cela fait maintenant dix-neuf ans que nous vivons ce miracle quotidien. Après notre formation avec JEM, le Seigneur nous a rappelés en Suisse, mais la mission a continué de vibrer dans nos cœurs. Après une dizaine d’années, nous avons laissé nos responsabilités romandes à un autre couple et nous sommes engagés pour soutenir le développement des FJ d’abord dans le monde francophone, puis au niveau international. Nous faisons partie du groupe de direction depuis quatre ans, dans une équipe de quatre responsables.
C’est dans ce cadre que nous avons à cœur de partir en juillet 2015 pour une année dans le Pacifique pour stimuler le développement des FJ dans cette région du monde qui, pour nous, est littéralement «aux extrémités de la terre». Nous allons donc, comme le faisait l’apôtre Paul quand il visitait les églises, passer d’un pays à l’autre et nous y arrêter un certain nombre de semaines ou de mois en fonction des besoins et des directives du Seigneur, vivre avec les gens, les enseigner, leur proposer des modèles, les inspirer par de nouvelles idées… tout cela avec une équipe de jeunes et de moins jeunes qui vont nous accompagner pour quelques semaines ou mois. Les gens de cette région sont très isolés, très peu visités, où la communication est difficile (ils ne répondent pas aux courriels, car c’est une culture orale où on se parle face à face). Y aller reste le meilleur moyen de les encourager et de les stimuler.
Et ce n’est peut-être que le début, d’autres régions du monde ayant appris notre projet nous ont demandé si nous serions prêts à faire de même chez eux par la suite… A suivre!

Ch.: Qu’est-ce qui vous a poussés à faire ça? et pourquoi un projet familial?DSC09247
Guy et Joële: La supervision des différents continents est répartie dans l’équipe de direction internationale des FJ et nous avons hérité de la supervision des FJ en Afrique, au Moyen-Orient et dans le Pacifique. L’Afrique et le Moyen-Orient sont relativement proches et on peut y aller chaque année. Par contre l’Océanie, c’est loin, cher et difficile d’accès. On s’est dit: «Pourquoi ne pas y consacrer une année et prendre le temps de bien encourager les gens de cette région?»
Les FJ y étaient bien développés il y a une quinzaine d’années dans de nombreuses îles, mais aujourd’hui notre ministère est en régression. Par contre, bien des jeunes, anciens FJ et jeunes parents seraient intéressés à voir des choses redémarrer, mais ne savent pas comment s’y prendre; ils ont besoin d’encouragements… Nous allons «souffler sur les braises» en espérant voir le feu redémarrer! C’est maintenant ou jamais…
Nous considérons notre appel comme un appel familial. Dieu nous a donné des enfants avec des dons très différents; ils sont nos premiers disciples. Notre famille est notre première équipe FJ. Quand nous en avons parlé en famille, nos enfants ont été emballés par le projet (il a fallu un peu de temps pour y réfléchir pour deux d’entre eux, mais aujourd’hui ils sont à fond dedans). Nos enfants ne nous suivent pas, ils ont un rôle dans ce que nous allons vivre. Et le fait d’aller en famille est un témoignage percutant pour les gens, qui ont plutôt l’habitude de voir les enfants comme un obstacle au ministère. C’est clair qu’aller en famille complique certains aspects, l’école à la maison, les coûts… d’ailleurs beaucoup de choses doivent encore se mettre en place pour que le rêve devienne réalité. Mais les bénéfices dépassent largement les complications.

Ch.: Pourquoi laisser une vie de confort et tout recommencer ailleurs?
Guy et Joële: Paul disait: «J’ai appris à être dans la disette et j’ai appris à être dans l’abondance.» (Philippiens 4:12) Le confort, d’après notre expérience, tend à tuer l’initiative, la radicalité, comme ce fut le cas du jeune homme riche. Recommencer, c’est de nouveau faire le pas de dépendre de Dieu alors que nous avions trouvé nos marques et que nous pouvions nous débrouiller presque sans lui… Mais ce n’est pas notre motivation. Notre motivation, c’est l’appel de Dieu. Si Dieu parle, on obéit. C’est tout. Si nous vivons dans le confort et que nous sommes là où Dieu nous veut, ce n’est pas un problème. Mais si Dieu demande de bouger et que, pour garder notre confort, nous faisons la sourde oreille, nous sortons de son appel. Notre confort est devenu notre Dieu. De plus, dans qui nous sommes, nous aimons démarrer des choses. Nous sommes moins bons pour les maintenir dans la durée et ce genre de défis nous correspond pleinement.

Ch.: Est-on obligé de tout quitter pour prouver qu’on se lève pour Dieu? Quelle est la «recette» pour certifier que l’on se lève pour Dieu?
Guy et Joële: Il n’y a pas de recette universelle. Reprenons l’histoire du jeune homme riche (voir Marc 10:17-22). Il disait vouloir suivre Jésus mais, quand celui-ci lui a demandé d’aller vendre tout ce qu’il avait et de le donner aux pauvres, il s’en est allé tout triste. Il était trop attaché à son confort et à ses possessions. Mais Jésus n’a jamais demandé à un autre disciple de faire la même chose, du moins dans ce qui nous est rapporté. La question de fond est: «Quelle est ta richesse? Quels sont les domaines de ta vie où Jésus n’a pas la première place et qui se mettent entre toi et lui?» Le principe derrière cela se trouve dans un autre verset bien connu: «Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera.» (Matthieu 10:39)
La recette, c’est de tout donner sans rien retenir. C’est d’obéir rapidement quand Dieu te parle. Dieu est un Dieu de grâce qui donne ce qu’il ordonne, donc qui pourvoit à la force, aux aptitudes, aux finances… à tout ce qui est nécessaire pour faire sa volonté. Tu peux te poser la question si tu as besoin de Dieu pour faire ce que tu fais aujourd’hui. Si Dieu dormait aujourd’hui, ou prenait un jour de congé, qu’est-ce qui changerait dans ta vie? As-tu réellement besoin de lui? C’est parfois plus facile de partir, on se met en position de dépendre de Dieu, mais dans la vie quotidienne, quand nous avons nos marques, nos repères, nos habitudes, comment retrouver cette dépendance de Dieu et sortir de nos ornières et de notre routine? La vraie question, finalement, est: «Qu’est-ce que Dieu te demande?»

Ch.: Quand tu entends: «Jeunesse, lève-toi», qu’est-ce qui te fait vibrer? Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à la jeunesse d’aujourd’hui?
Guy et Joële: J’encourage la jeunesse actuelle à rêver et à rêver grand. Le monde a toujours été changé par des gens qui avaient des idéaux. Une jeunesse qui ne rêve plus, qui cherche juste une vie confortable, ce n’est pas une jeunesse. C’est déjà de vieux adultes assoupis dans un corps d’adolescent.
J’encourage la jeunesse actuelle à se connecter aux autres générations. Si la jeunesse se lève toute seule ou en réaction face à ce qui a été fait avant, pour prouver quelque chose, par arrogance, elle ne restera pas longtemps debout. Connectez-vous à des pères et à des mères, bâtissez sur ceux qui vous ont précédés. La jeunesse a un appel particulier, celui d’ouvrir des chemins nouveaux, de défricher, de découvrir les moyens de vivre et de partager l’Evangile dans sa génération. Elle a un rôle prophétique, mais qui ne devient constructif que lorsqu’il est mis en synergie avec les forces des autres générations. Pour utiliser une expression à la mode dans nos milieux, il faut qu’une culture de l’honneur se développe entre les générations.
J’encourage la jeunesse actuelle à oser sortir des ornières, du politiquement correct, pour faire des choses qui n’ont jamais été faites. J’ai lu dernièrement cette phrase qui m’a fait réfléchir: «Quand est la dernière fois que tu as fait quelque chose pour la première fois?»
Allez-y, les jeunes, levez-vous et réveillez-nous par votre radicalité, votre cœur entier pour Dieu et votre promptitude à lui obéir. Le monde vous attend!

Ch.: Merci beaucoup d’avoir accepté de répondre à toutes ces questions! Et bon voyage!

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