Vous pouvez également faire une recherche par mot clé. Une fois le texte entré dans le champ, tapez le bouton "Enter" de votre clavier.

Tout va très bien, Madame la Marquise…?

Tout ce qu’on a entendu dans les médias comme craintes, menaces et commentaires après l’acceptation par le peuple suisse de l’initiative «Stop à l’immigration de masse» en février dernier m’a donné à réfléchir sur le monde qui est en train de se mettre en place autour de nous. Il se trouve qu’à la même période, de nouvelles lois concernant la famille et la vie humaine ont été votées dans plusieurs pays. J’ai réalisé combien la société, les valeurs et les opinions changent rapidement… vraiment à vitesse grand V! Je vous livre quelques-unes de mes réflexions:

·    Les plus mauvais perdants de l’initiative suisse se trouvaient, me semble-t-il, dans le monde de l’économie. Comme s’il était inconcevable d’imaginer autre chose que cette course effrénée vers le profit. Un monde, par exemple, qui choisit une moindre croissance au profit d’une meilleure qualité de vie. L’idée était-elle si ridicule que cela?

·    Le souci, c’est que l’économie impose de plus en plus son diktat aux politiques et aux médias. L’argent est roi, c’est lui qui pèse de tout son poids dans maintes décisions. Et nous savons qui se cache derrière cette réalité financière… un certain Mamon.

·    Les menaces et l’irritation de l’UE devant ce petit peuple d’irréductibles qui lui résiste (tiens, cela me rappelle quelque chose!) m’ont aussi frappée. On comprend bien qu’elle ne peut donner trop de privilèges à ces outsiders, mais elle pourrait aussi comprendre que ce petit pays ne peut pas accueillir ses trop nombreux chômeurs. Et je crois que, derrière cette exaspération, se cachent plutôt des craintes justifiées par rapport au fossé qui la sépare de ses populations. Plusieurs Européens ont osé dire que, si une telle votation était soumise aux peuples de l’UE, les résultats seraient probablement encore plus nets (certains imaginant jusqu’à soixante ou septante pour cent de «oui»). L’Europe est finalement très peu démocratique; elle fait sa politique sans s’inquiéter de sa base. La Suisse deviendrait-elle pour l’UE une sorte de voix pour les sans-voix, elle qui ose voter ce qu’elle pense… mais qui n’est déjà plus indépendante?

·    Une chose qui m’inquiète est la quasi-pensée unique dans les médias. Rares sont les journalistes qui osent faire d’autres analyses et exprimer des opinions ou points de vue qui diffèrent du politiquement/médiatiquement correct. Cela a des conséquences sur la liberté d’expression qui, dans les faits, est réduite à cause de l’isolement et du dénigrement auxquels les courageux s’exposeraient.

·    Les chrétiens en particulier sont critiqués de manière parfois virulente quand ils expriment leurs points de vue (parfois maladroitement, il faut l’avouer). Des qualificatifs intimidants sont alors utilisés comme autant de gros mots pour les désigner: fondamentaliste, extrémiste, islamophobe, homophobe, etc. Or l’intimidation est une arme redoutable; nous y sommes tous sensibles, à des degrés divers suivant notre besoin d’approbation. C’est ainsi que les questions de foi sont de plus en plus reléguées à la sphère privée; on tolère toujours moins la portée qu’a l’Evangile dans les diverses sphères de la société et sa proclamation sur la place publique.

·    L’une des difficultés rencontrées dans notre communication réside dans l’insécurité des informations; avec l’internet, nous avons accès à une quantité monstrueuse d’informations, mais il est difficile pour le commun des mortels de savoir si ses sources sont fiables. Il y a sur l’internet, et aussi dans les milieux politiques, économiques et médiatiques, des intérêts et des alliances plus ou moins cachés, qui engendrent beaucoup d’omissions, de mensonges et d’informations partielles ou partiales.

·    J’observe aussi dans le monde de l’éducation qu’une élite intellectuelle impose au système scolaire toutes sortes de programmes (en changements constants), de pédagogies, d’études et de théories (récemment celle du genre par exemple), et cela sans consulter les gens de terrain (instituteurs, sans parler des parents). On dirait qu’ils utilisent les écoles comme des laboratoires pour tester leurs idées… parfois très contestables (les petites gens, avec leur bon sens, n’auraient jamais imaginé certaines d’entre elles si tordues qu’il faut de brillants universitaires pour les justifier). Bien sûr, ce n’est pas une généralité à appliquer à toute idée nouvelle!

·    L’étau se resserre aussi autour des écoles chrétiennes. Les médias rapportaient récemment que plusieurs cantons allaient surveiller de plus près ce qu’elles enseignent, en particulier sur le sujet de la création. Ils parlaient de les obliger à enseigner l’évolution et à restreindre ou même interdire l’enseignement du créationnisme.

·    Sur le plan de la famille, tout est en mouvement; les modèles de famille sont nombreux et variés et il devient nécessaire de préciser ce qu’on entend quand on utilise certains mots, dont la définition était pourtant évidente pour tous depuis des millénaires. Des mots comme mariage (hétéro- ou homosexuel, pacsé), famille (traditionnelle, monoparentale, recomposée avec des demi-frères et -sœurs, homoparentale), mère (biologique, porteuse, donneuse). Même le nom de famille devient un casse-tête à choix multiples… ceux qui s’amuseront dans deux siècles à retracer leur généalogie vont s’y casser les dents!

·    Le lobby LGBT (lesbienne, gay, bisexuel, transsexuel) est de plus en plus vindicatif pour exiger les mêmes droits que les couples mariés (mariage, enfants, adoption), même ceux que la nature lui refuse (engendrer des enfants). Ces milieux sont très actifs dans l’éducation, exigeant que tous les modèles d’unions soient présentés aux enfants sur un pied d’égalité, afin qu’ils puissent choisir leur genre, leur identité et leur orientation sexuelle en toute liberté. Imaginez la confusion des enfants!

·    Au début et à la fin de la vie, les choses évoluent très vite, avec les tendances suivantes: La conception d’un bébé, quand elle n’est pas naturelle, est de plus en plus traficotée (sans parler du clonage et des animaux ou plantes génétiquement modifiés). Je ne sais pas comment certains enfants construiront leur identité, tant leur arrivée dans ce monde peut être compliquée; la provenance des gamètes (et donc leurs père et mère biologiques) peut être connue ou anonyme, la conception naturelle ou en éprouvette, le couple qui l’accueille peut ou non ou partiellement être ses parents biologiques, il peut aussi être deux papas ou deux mamans, le ventre qui l’a porté peut être celui d’une troisième femme, qui l’a fait pour des raisons financières. Allez vous y retrouver dans ce méli-mélo!

·    A l’autre bout de la vie, les lois changent aussi très rapidement, suivants les pratiques médicales et la demande du public; l’euthanasie est acceptée maintenant par de nombreux pays, dans des formes variées. Deux pays européens l’ont même légalisée pour les enfants. Sans parler du suicide assisté, légal en Suisse.

Mais à part ça, tout va très bien, Madame la Marquise!

Ces difficultés pourraient paradoxalement être une chance pour l’Eglise et pour l’Europe. Pour l’Eglise, parce que les épreuves et les persécutions ont généralement pour effets de la rendre plus forte, plus dépendante de Dieu, plus vivante et plus engagée.
Pour l’Europe, en grande partie déchristianisée, parce qu’elle a probablement besoin de souffrances pour se tourner de nouveau vers son Dieu. Notre nature humaine nous pousse toujours vers la facilité et, quand tout va bien, nous avons une fâcheuse tendance à oublier Dieu. Les épreuves et les souffrances peuvent être les outils de notre retour à Dieu.

Quelles pistes pour les chrétiens et l'Eglise aujourd’hui?

·    Nous ne devons pas craindre d’être sel et lumière dans ce monde, même si nous sommes critiqués. Certaines églises adoptent des positions très libérales, en phase avec les idées du moment; ce faisant, elles perdent la saveur et la puissance de l’Evangile, elles sont comme déconnectées du Dieu vivant. «Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on?»

·    Mais si nous devons être critiqués ou même persécutés, soyons-le pour de bonnes raisons! Ne soyons pas obtus, ni fermés aux idées nouvelles, mais apprenons à discerner ce qu’elles ont de bon et en quoi elles ne sont pas compatibles avec l’enseignement biblique (en faisant la différence entre nos traditions et la Bible). Ne soyons pas passifs et négatifs, mais prions que Dieu nous montre des solutions créatives aux problèmes de notre monde (ou de notre entreprise) et mettons-les en œuvre!

·    Plutôt que d’être connus comme ceux qui s’opposent à tout, soyons connus pour l’amour, la joie et la vie de l’Esprit qui se manifeste parmi nous! Demandons à Dieu de manifester avec nous que son royaume est proche, de confirmer la prédication de l’Evangile par des signes et des miracles, de déverser sur ce continent la soif et la faim du Dieu vivant.

·    Mettons notre énergie dans cette recherche de Dieu, dans une vie de disciple, dans une transformation de caractère et de vie à l’image de Jésus.

·    Apprenons à dépendre de Dieu, à comprendre les temps que nous vivons, à discerner ce que Dieu est en train de faire et comment nous pouvons collaborer à son œuvre. Notre privilège est de connaître un Dieu vivant, qui parle et conduit ses enfants… écoutons-le et obéissons promptement!

·    Assaillons le ciel avec nos prières afin que le royaume de Dieu se manifeste encore une fois en Europe par un grand réveil et un retour à Dieu.

Je veux bien croquer la vie à pleines dents… s’il s’agit de la vie de Dieu!

Anne Kreis

«La culture d’un peuple est définie singulièrement par son culte. Ainsi, c’est sur la base de la liberté en Christ que s’est développé en Occident une culture marquée par la liberté, l’état de droit et la démocratie. Or ces valeurs fondamentales sont sapées par la déchristianisation rapide de l’Europe.» Hansjürg Stückelberger, fondateur de Futur.ch

dossiers-chaback-titre
Dossiers Chaback : Dieu en action
Dossiers Chaback : eglise
Dossiers Chaback : Famille et relations
Dossiers Chaback : Faits de société
Dossiers Chaback : Médias
Dossiers Chaback : Musique