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Violences: fatalité ou défi?

  • … Décembre 2000… : 30 jeunes armés de barres de fer, de chaînes et de bâtons se lancent dans une expédition punitive dans un quartier du nord de Lausanne…
  • … Cabines téléphoniques hors d’usage, miroirs et panneaux de circulation brisés…
  • … Chavornay (Vaud) : Castagne au bal : des ados viennent chercher la bagarre armés de barres de fer, couteaux papillons et matraques..
  • … Poubelles en feu, abris bus taggués, jets de pierre, agressions : la jungle urbaine s’agite !
  • … Une maîtresse primaire s’interpose pour séparer des élèves en train de se battre dans la cour : elle se retrouve jetée à terre, menacée d’un coup de poing américain !
  • …29 décembre 2001 : voitures incendiées, jets de grenades contre un commissariat : la police s’inquiète de la prolifération des armes de guerre chez les jeunes des banlieues…

Ne dramatisons pas… Il s’agit de quelques faits divers, et tout le monde sait que la violence n’est pas un phénomène nouveau. Toutefois, les statistiques le confirment : nous allons vers une société de plus en plus brutale. Les délits accompagnés de violence (vols, lésions corporelles intentionnelles, racket, etc..) ont augmenté de 20 % ces dernières années. 25 % des délinquants interpellés ont moins de 19 ans. On observe donc une hausse nette et ininterrompue de la violence physique et verbale, et un abaissement de l’âge des délinquants.

Les actes violents sont de plus en plus visibles, et de plus en plus tournés vers les institutions. Comment l’expliquer ? Les mobiles peuvent en être l’intimidation, la vengeance, le désespoir, la volonté de sauver la face devant les autres. Mais pour beaucoup, il s’agit d’abord d’une manière d’exprimer sa révolte, son rejet des institutions : alors, on s’attaque aux bâtiments qui les représentent, aux équipements publics, on insulte les policiers et l’on passe parfois à des actes plus graves.

Autre scène, autre forme de violence: des employés de l’usine Moulinex, menacés de licenciement, disposent des explosifs sur le toit de “leur” usine…et crient: “Si vous voulez nous faire crever dans l’indifférence, alors on fera sauter l’usine!”. Violence du désespoir! Une violence qui apparaît comme le dernier recours pour des ouvriers abandonnés, souffrant du manque de solidarité face à leur sort. Ils se sentent “largués” par la société et ont besoin d’exprimer leur désarroi avec force. Violence quasi banale, violence des gros titres, violence inscrite presque naturellement dans notre paysage quotidien.

Constat number 1:

La violence peut naître dans le sentiment d’exclusion, d’abandon, d’injustice que ressentent les gens de certains quartiers : les jeunes, mais aussi leurs familles.

Constat number 2:

La violence augmente alors que notre société est de plus en plus stressée. Les pressions dans le monde professionnel sont toujours plus fortes, les exigences toujours plus élevées ; l’insécurité et l’instabilité dans le monde de l’emploi renforcent le sentiment d’inquiétude grandissante. Les derniers événements (attentats et menaces terroristes, conflits divers, effondrements économiques, ou sur-mondialisation), couplés avec le goût pour le catastrophisme qui alimente tous les media, contribuent à ébranler la confiance en l’avenir.

Constat number 3:

La violence s’installe comme un moyen “naturel” d’expression pour exprimer sa rage, sa révolte, ses convictions: colère destructrice du peuple argentin, manifestants anti-mondialisation, ou bandes de quartiers. Il faut briser pour se faire entendre

Constat number 4:

La violence prend parfois racine dans un cœur, dans une vie sans paix. “ Je frappe, je menace, je hais, j’injurie, je brise, j’humilie, je casse parce qu’au fond de moi “ j’ai la haine ” des autres, et de moi-même. Je ne m’aime pas, je n’aime pas ce monde… je n’ai pas de paix intérieure. Mon cœur n’est en paix ni avec moi, ni avec les autres. ” On se cache alors derrière un: “F…moi la paix!”, qui signifie plutôt: “Je cherche la paix, alors donnez-la moi, montrez-la moi, si vous l’avez trouvée!”

Question : “ Mékeskonfè? ” Face à tous ces faits divers, aux situations que tu rencontres, comment réagis-tu?:

  • Vas-tu relativiser: La violence, quelle violence ?
  • Vas-tu sourire, ironiser : Cool, no panic, la violence a toujours existé.
  •  Vas-tu jouer à l’autruche et te défendre par un : ça ne me regarde pas !

Erreur! Elle TE regarde, cette violence ! Elle cherche ton regard, elle devrait t’interpeller dans tes tripes, dans ton cœur, dans tes gestes de tous les jours. Chacun des constats qui précèdent doit donc nous interpeller et nous pousser à apporter des réponses… dans la mesure de nos moyens.

Une première réponse à la violence se trouve dans la Bible. Elle se résume en un mot, un seul qui porte en lui toutes les promesses de Dieu, toutes les réponses d’un Dieu d’amour à la violence: SHALOM ! Dieu dit : “ Je ferai régner la paix (shalom) dans le pays, et votre repos ne sera point troublé ”, Lév. 26 : 6. On traduit souvent Shalom par paix , mais dans ce petit mot hébreu se cache une puissance immense : shalom signifie aussi : vie abondante, sécurité, bien-être, intimité avec Dieu, bonne entente avec les autres. Shalom contient tout le projet de Dieu pour nous, pour nos familles, pour nos groupes, pour nos bandes, pour nos quartiers, pour nos villes ! Dieu a toujours voulu que nous vivions ce shalom, et que de ce shalom jaillisse l’hospitalité, l’aide, l’amour, la solidarité pour les autres.

Rappelez-vous votre enfance: disputes, bagarres, “ t’es plus mon copain ” et puis cette petite phrase qui permettait de tout effacer et de repartir à zéro, même avec celui que l’on avait considéré pendant une fraction de seconde  comme notre pire ennemi: “ Allez, on fait la paix ”. D’un coup, comme par miracle, tout était oublié. Alors, qu’attendons-nous ? Freiner la montée de la violence, c’est d’abord aider ceux qui nous entourent à “ faire la paix ”: si j’ai rencontré la paix de Dieu, que je vis dans Son Shalom, ma mission est de la transmettre tout autour de moi.

Mais il me faudra avant tout commencer par mes propres réactions, qui font parfois des étincelles…voire de explosions. Là encore, la Bible est d’une actualité désarmante. Lisez plutôt : “ Si vous vous mettez en colère, ne péchez pas ; que votre colère s’apaise avant le coucher du soleil. Ne donnez pas au diable l’occasion de vous dominer…Chassez loin de vous tout sentiment amer, toute irritation, toute colère, ainsi que les cris et insultes. Abstenez-vous de toute forme de méchanceté ”, Ephésiens 4 : 26 + 31. En d’autres termes,  bon nombre d’incendies de forêts seraient évités si l’on éteignait les premières petites flammes. A moi de montrer l’exemple : ma manière de répondre ou de parler, mes réactions parfois “ limites ”, ces mots durs que je lâche trop facilement, ces regards pleins de haine qui tuent à distance, ces gestes mal maîtrisés qui blessent ou qui agacent mon entourage sont déjà des petites graines de violence.

Et si je laissais l’Amour de Dieu les changer, si je devenais un contre-exemple de la violence ambiante et un exemple vivant du Shalom que Dieu donne? Si j’ai fait la paix avec moi-même, que je le vis et le montre autour de moi, je pourrai alors encourager les autres à “faire la paix” avec eux et avec Dieu!

Une deuxième réponse que l’on entend souvent chez des éducateurs qui côtoient de près la violence:

Il faut encourager les initiatives des jeunes et pour les jeunes. Exemple !

14 janvier 1999, en banlieue parisienne, suite à une rivalité de bandes, un adolescent de 17 ans meurt poignardé par une autre adolescent… Des jeunes impliqués dans ce drame absurde décident de ne pas recourir à la violence mais au dialogue. Ils rédigent alors un manifeste pour expliquer pourquoi ils ont toujours eu la violence comme seule réponse à leur peur, à leur haine. Avec leurs mots à eux, pour sensibiliser et convaincre les jeunes qui ne croient plus en rien et qui n’ont plus confiance en personne. Voici des extraits de ce manifeste:

Respect ? On se parle sur un autre ton. “ L’agression, ça peut commencer par un regard. Mais c’est surtout les mots. Certains s’amusent à provoquer et utilisent des mots qui poussent à la guerre. C’est vrai, tout le monde peut péter les plombs. Ça arrive. Mais ce langage de défi, cette manie d’afficher sa force sur l’autre, en permanence, ça chauffe les esprits. Il faut se parler normalement, garder le contrôle. Certains disent : faut être respecté. Nous on dit : “ Si tu veux le respect, commence par respecter l’autre.” 

Un échec ? C’est pas pour ça qu’on est victime. “ Avoir des échecs, c’est normal. Rien n’est fatal, jamais. Marre d’entendre les mecs gueuler contre la société, le système et ne rien faire pour bouger de là. Que les grands qui s’en sont sortis donnent l’exemple et montrent aux petits comment ça marche. Qu’ils aillent dans les écoles, les assos’, les quartiers pour raconter. On peut rêver d’une BMW à 14 ans. Mais dire qu’on est victime si on n’en a pas, c’est n’avoir rien compris à la vie. La violence, la crapulerie, le racket et le reste, ça se termine toujours mal. Il n’y a pas de bandit heureux. ” Pas mal, l’idée du manifeste…

Il en existe déjà un appelé la Bible… On y trouve aussi des formules, des paroles qui, une fois mises en pratique…, peuvent aussi dire “Stop à la violence!”:

  • “ Aime ton prochain comme toi-même ! ”, Matt. 19 :19
  • “ Une réponse aimable apaise la colère ”, Prov. 15 : 1
  • “ Vous ne serez sauvés qu’en revenant à moi et en restant paisibles. Votre seule force, c’est de garder votre calme et de me faire confiance ”, Es. 30 : 15
  • “ Dieu est pour nous un abri sûr ”, Ps. 46 : 2
  • “ La loi du Seigneur est parfaite ”. Ps. 19 : 8
  • “ Ne rendez à personne le mal pour le mal ”, Rom. 12 : 17
  • “ Celui qui veut jouir d’une vie agréable et connaître des jours heureux doit se garder de médire, se détourner du mal, pratiquer le bien et rechercher la paix avec persévérance. ”, 1 Pierre 3 : 10-11

Nous pouvons changer le monde chantent les enfants sur le dernier CD de Sylvain Freymond. Ils y croient… et toi? La violence est un défi lancé à tous ceux qui ont encore un cœur pour ressentir et prier, à tous ceux qui ont encore des mains et des jambes pour aller à la rencontre de ceux qui souffrent et veulent le faire savoir, à tous ceux qui ont une tête bien faite pour avoir des idées et des initiatives pour répondre à la violence. Dire non à la violence, c’est ouvrir les yeux sur les racines possibles de cette violence et… agir! Voilà quelques pistes d’action:

  • Action ! Ça bouge chez les chrétiens… Le projet “Quartier Libre*” se développe en Suisse romande: il veut venir à la rencontre des enfants, dans leur quartier, par l’animation, le sport, les jeux, ou la compétition… et par le témoignage de l’Espérance et de la Vie que l’on trouve en Jésus-Christ.

Voilà des projets qui touchent les enfants, et qui peuvent peut-être empêcher la naissance de la violence : parce qu’ils donnent à ceux qui participent à ces activités le sentiment qu’ils EXISTENT, qu’ils n’ont pas besoin de se manifester par la violence pour s’exprimer, qu’ils sont importants aux yeux des animateurs, qu’ils ont de la VALEUR aux yeux de Dieu. “ Tu es important pour quelqu’un !

” A quand un “Quartier Libre” pour adolescents,  pour se retrouver, s’amuser et…se parler? A quand des initiatives pour atteindre les quartiers chauds et calmer le jeu en réapprenant à chacun à vivre et à respecter l’autre : en mettant sur pied un centre de rencontre et d’animations pour jeunes d’un quartier, en organisant des loisirs communautaires (sports, art, musique etc…), des camps-projets originaux (rénovation, construction, aide à des sinistrés, mission humanitaire, etc…) où l’on s’éclate et on se décharge physiquement pour un projet qui en vaut le coup, etc.. A nous la créativité ! La balle est dans notre camp.

Que pourraient faire ton groupe de jeunes, ton église pour lutter contre ce sentiment de solitude, d’absence de solidarité, ou de révolte?

Il “suffirait” d’en faire des lieux où chacun se sente accueilli, entouré, écouté…Aux yeux de Dieu, chaque individu, chaque visiteur est une V.I.P (Very Important Person). Et pour nous ? Il suffirait parfois d’ouvrir nos bras pour consoler, ouvrir nos yeux pour voir celui qui souffre, ouvrir notre bouche pour encourager, ouvrir notre agenda pour donner du temps…“ S’il suffisait d’aimer… ” Oui, aimer suffirait. A condition d’aimer en actions concrètes et pas seulement en théorie.

Que peuvent faire les parents pour leurs enfants?

  1. Savoir poser des limites expliquées et justifiées
  2. Etre clair et cohérent avec les règles de vie qu’on veut transmettre: si je l’enseigne… je le fais! 
  3. Travailler à développer et à construire une relation de confiance et de sécurité avec les jeunes : être présent et disponible
  4. Oser dire “ non ” à son enfant quand c’est dans son intérêt
  5. Redonner de l’espérance et de l’enthousiasme face à l’avenir
  6. Encourager l’enfant dans ce qu’il réussit, dans ses capacités, tout en lui apprenant à accepter et à gérer ses échecs
  7. Donner des racines: vivre et transmettre des valeurs que l’on vit quotidiennement et pratiquement

Que pourraient faire les institutions, les autorités?

  • Au niveau global: relancer l’égalité des chances à l’école et lutter contre des inégalités et des échecs qui blessent et parfois révoltent; revaloriser le travail manuel, promouvoir la beauté et l’utilité de l’artisanat (“ Il n’y a pas de sot métier!”). Un charpentier a changé le monde!
  • Au niveau local: développer la vie associative, encourager les projets qui valorisent l’apprentissage des relations humaines et la mise en pratique de valeurs positives.

Adresses de contact pour Quartier libre: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Chers parents

Si vous voulez que nous soyons indépendants, honnêtes et responsables, il n’y a qu’une recette : soyez nos exemples ! Ce n’est pas une faiblesse de montrer ses sentiments. Montrez-nous votre affection et ne nous laissez pas croire que nous ne sommes qu’une charge pour vous. Nous souhaitons des parents et des professeurs avec qui nous pourrions entreprendre des choses et qui nous consacrent du temps. Avec qui nous pourrions nous amuser et qui ne soient pas uniquement là – si du moins ils sont là – quand tout va mal.

Nous ne savons pas toujours quand nos libertés empiètent sur celles des autres. Mais les reproches et les “ je sais mieux que toi ” autoritaires ne servent à rien. Il est important de se parler. Nous aimerions vous parler, même si c’est difficile. Car peut-être avons-nous aussi de bonnes raisons pour agir ainsi. Et lorsque vous, les parents, n’arrivez plus à vous entendre, et que la meilleure solution semble être de votre point de vue la séparation ou le divorce, n’oubliez pas: nous ne pouvons pas nous contenter tout d’un coup d’une moitié d’affection. Pour beaucoup d’entre nous, seule une maison vide et la télé nous attendent chez nous. Nous voudrions avoir le droit d’occuper la première place. Et si pendant la semaine vous n’avez pas le temps, passez au moins le week-end avec nous!

Un groupe d’adolescents, © Centre Suisse de Prévention de la Criminalité

Que faire si tu subis la violence de la part d’un autre?

PARLE !! Brise la loi du silence! N’hésite pas à demander de l’aide!

  • Parle à un adulte en qui tu as pleine confiance: il peut te donner des pistes, t’aider à te sortir de cette situation et éviter que tu subisses des représailles: parent, pasteur, infirmière scolaire, médiateur, éducateur, etc…
  • Ne réponds pas à la violence par la violence !
  • Si tu le peux, et après avoir demandé conseil, adresse-toi directement à la personne qui te cause des problèmes : fais-lui savoir que tu souhaites que ça cesse en parlant en “ je ”. Exprime l’émotion que tu vis et les conséquences que cette attitude a sur toi.

Shanan

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