Histoire d'un ex-travesti
J’ai 33 ans et suis né à Naples. Dès mon enfance, j’ai remarqué en moi quelque chose d’indéfinissable qui me faisait me sentir différent des autres enfants, avec des désirs différents. Je choisissais des jeux féminins comme les poupées et je jouais avec les filles. J’aimais me trouver dans des endroits féminins. Je ne savais pas ce que cela voulait dire, mais j’étais conscient d’être différent. Ma mère me grondait, disant que je ne devais pas être ainsi, que j’étais un garçon et pas une fille; cela me blessait profondément, parce que j’aurais voulu être différent; parfois je sentais dans mes entrailles un grand désir et je ne comprenais pas d’où il venait.
Je me disais: «Je ne veux pas le faire, mais c’est quelque chose de plaisant; alors pourquoi ne pas le faire?» Je savais pourtant que beaucoup de personnes le voyaient comme une chose anormale, à commencer par mes parents et mes amis qui se moquaient de moi en me traitant de fille; en grandissant, cette «seconde personnalité» prenait possession de moi. A l’école élémentaire, je regardais affectueusement mon camarade d’école et ressentais pour lui une attirance, comme s’il m’importait d’avoir de la valeur à ses yeux. J’ai grandi ainsi avec ce mensonge dans mon esprit.
L’enfance
Quand je fréquentais des amis, je devais cacher ma tendance parce que je comprenais que quelque chose d’incorrect s’était formé en moi. Je désirais m’habiller d’une manière différente, cherchais toujours les choses colorées, étais attiré par les vêtements féminins, les paillettes et tout ce qui scintillait. Il y avait des contradictions en moi, parce que je n’acceptais pas d’être un garçon; cela apportait beaucoup d’amertume dans ma famille. Pensant m’aider, mes parents m’ont placé trois ans dans un collège, mais cela n’a servi à rien. J’en suis sorti à 16 ans.
Je disais avoir changé à ma mère, mais j’étais toujours le même; en outre, ce désir avait grandi. Je ne m’acceptais pas comme homme, mais je cherchais à le cacher, parce que je comprenais que cela importunait les autres. J’ai travaillé pendant quatre ans et ai commencé à prendre goût à la vie. J’étais attiré par les homosexuels que je voyais à Naples dans les quartiers où je vivais. Beaucoup de jeunes se maquillaient en femme et se prostituaient, et j’étais attiré par cette manière de vivre.
Ma rébellion envers mes parents augmentait, alimentée par un ami qui me disait qu’ils ne pouvaient pas m’empêcher d’être ce que j’étais. Je voyais que c’était une réalité obscure, mais je n’arrivais pas à y échapper. J’ai donc décidé de quitter la maison et de vivre avec mon ami qui m’enseignait la façon de me comporter pour ressembler à une femme. Il m’a montré comment épiler mes sourcils, la manière de me maquiller et de m’habiller en femme. Le fait de pouvoir faire ce que j’avais toujours désiré était pour moi une euphorie continue. Il m’a persuadé d’être ainsi, parce que c’était inscrit en moi; j’y croyais et le désirais ardemment. Je pensais que c’était la voie que je devais prendre et qu’il n’y avait pas d’autre solution pour ma vie.
Un sombre tunnel
En vivant dans la rue, sans travail, mon ami m’a dit qu’il fallait gagner de l’argent; j’ai alors commencé à me prostituer. La rue, avec tous ces gens qui me regardaient, me plaisait beaucoup; je me défoulais de tout ce que j’avais réprimé, de cette féminité qui me dominait. Pendant des années, j’ai marché dans ce tunnel sombre, croyant pouvoir me réaliser et être heureux. Mais les autres me rejetaient parce qu’ils n’acceptaient pas ce que je faisais. Cela a commencé à me blesser et j’ai souffert d’être marginalisé par la société. J’ai été arrêté par la police qui m’a fiché; cela m’a bouleversé, tout allait mal.
Je ne pouvais pas expliquer aux autres ce que je ressentais au fond de moi; c’était comme une possession. Je pensais que je devais me transformer; à cet effet, j’ai fait des cures d’hormones pour ressembler de plus en plus à une femme. Je me disais: «Je suis fait ainsi, je dois réaliser cet être et personne ne pourra m’en empêcher; qu’y a-t-il de mal à cela?» Je pensais que j’étais une erreur de la nature; je tentais de donner une explication pour justifier ma manière de vivre. D’autres personnes autour de moi modifiaient leur corps et leur visage par des interventions chirurgicales pour transformer le masculin en féminin. Cependant il y avait toujours quelque chose en nous qui n’allait pas.
La première lueur
Parfois je réfléchissais: «J’ai un esprit de femme dans un corps d’homme.» Des amis revenaient de Londres après avoir subi «l’intervention», celle qu’un homosexuel essaie de faire pour se sentir femme à tous les niveaux. C’est la dernière barrière à franchir. Mais je voyais aussi qu’ils déprimaient, parce qu’ils ne se sentaient pas acceptés et que leur rêve leur échappait. Des fois, quand je me prostituais, je remarquais beaucoup de mélancolie et de tristesse parmi mes clients. Eux aussi cherchaient quelqu’un avec qui parler et décharger leurs frustrations. Je réalisais que je n’étais pas le seul à ressentir cette souffrance dans mon choix de vie. J’en suis arrivé à la conclusion que les humains allaient vraiment mal.
Je me souviens d’une fois où j’étais vraiment triste. Alors que je rentrais à la maison, peut-être après une soirée passée dans un dancing, je me sentais tellement mal que j’éprouvais une douleur inexplicable; ce n’était pas physique, cependant je me sentais mourir à l’intérieur. J’ai alors commencé à pleurer et à crier à Dieu en disant: «Dieu, pourquoi suis-je né? Pourquoi est-ce que je souffre ainsi? Pourquoi ne puis-je pas vivre comme une personne normale, avoir une femme, des enfants, être heureux, aimer et vivre une vie tranquille?» Je me suis couché et ai commencé à louer Dieu. J’ai senti une grande joie; c’était comme si une lumière s’approchait de moi.
Je ne sais pas ce qui s’est passé ce jour-là, mais Dieu m’a touché; cette expérience a laissé un signe dans mon cœur. J’en ai parlé avec quelques amis, leur disant: «Existe-t-il un moyen pour nous changer? Pourquoi devons-nous continuer de vivre ainsi? Nous ne pouvons pas vivre avec ce mensonge dans l’esprit. Nous ne nous acceptons pas nous-mêmes et nous ne sommes pas acceptés des autres!» Mon ami a commencé à argumenter: «D’accord, tu as raison. Mais que veux-tu faire? C’est cela, notre vie; nous ne pouvons pas en sortir, nous sommes dans le cercle vicieux maintenant!»
L’amour de Dieu
Je remercie Dieu, car il m’a fait rencontrer un croyant du nom de Blaise, qui avait vécu une expérience semblable à la mienne; il avait été homosexuel et je ne l’avais plus revu depuis quatre ans. J’avais entendu dire qu’il avait fait une nouvelle expérience, mais je ne savais pas laquelle. Quand je l’ai rencontré, je l’ai vu vraiment changé; il s’habillait de manière normale et je voyais surtout qu’il était sincère. Il m’a raconté comment Jésus-Christ l’avait changé et qu’il pourrait faire de même pour moi.
Je me souviens que, ce matin-là, je me rendais à l’hôpital trouver un ami qui était en train de mourir du sida. Dans ses yeux je lisais la terreur de la mort; pas de la mort physique, mais celle de mourir sans Dieu. A ce moment, j’ai compris que je devais m’arrêter, capituler et laisser Jésus changer ma vie. Avec Blaise, je me suis rendu un soir sous une tente qui se trouvait à Naples; il m’a dit que je pouvais simplement demander pardon à Dieu en priant de tout mon cœur, que Jésus pardonnerait mes péchés et changerait ma vie. Il m’a également fait lire dans la Bible que nous sommes tous égaux devant Dieu et que chacun doit demander pardon pour ses propres péchés. Cela m’a réconforté de savoir que, devant Dieu, j’étais comme les autres et qu’il m’aimait de la même façon que tout autre humain.
Je le remercie vraiment d’avoir complètement changé ma vie et je témoigne que son amour a changé mon cœur et mes désirs en ouvrant mes yeux. Ce soir-là, de retour à la maison après les réunions sous la tente, je me suis tourné vers le miroir et j’y ai vu le vrai Gabriele. Finalement j’ai reçu ma vraie identité, parce qu’avant je ne comprenais pas si j’étais un homme ou une femme. Dieu m’a fait clairement comprendre que j’étais un homme et que toutes les pensées d’avant n’étaient que des mensonges du diable.
Je remercie Jésus qui est mort pour mes péchés; maintenant je peux crier que je suis vraiment libre. Je sais qu’avec Jésus-Christ je suis vainqueur; je peux aller de l’avant, car il vit en moi et me donne la force de dire «non» au péché. C’est une chose merveilleuse que Dieu a accomplie dans ma vie et je le remercierai jusqu’à la fin de mes jours.
Samuele (prénom d’emprunt)