Il n’y a pas de définition universellement reconnue quand nous parlons d’abus ou de tendance sectaire dans l’Eglise. Les limites sont floues et subjectives, voire culturelles; ce que l’un considérera comme abusif, l’autre le trouvera normal. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer l’exercice du pouvoir ou de l’autorité spirituelle des pasteurs en France et en Suisse pour voir que les normes ne sont pas les mêmes des deux côtés de la frontière. La tolérance d’une autorité forte est plus élevée chez les chrétiens français que suisses.

Qu’est-ce qui influence mon vécu de l’autorité?

Nos émotions sont souvent vives à ce sujet, parce qu’il touche à nos propres rapports avec des figures d’autorité, souvent les parents, et aussi les instituteurs, les  entraîneurs, les pasteurs, les responsables de groupe de jeunes, etc. Toutes ces personnes marquent notre attitude face à l’autorité, parfois de façon très positive en laissant la trace d’un apport inestimable et très constructif dans notre vie, parfois malheureusement de façon moins positive en laissant place à un traumatisme plus ou moins profond, dont le temps n’efface pas toujours les conséquences. Le plus souvent, ces traumas sont venus de deux manières, soit par trop d’autorité (autorité abusive), soit, à l’inverse, par un manque d’autorité ou de présence. Dans les deux cas de figure, l’impact négatif est lourd.

J’ai été engagé durant quatre ans dans l’équipe de responsables d’une église qui avait une réelle passion pour Jésus, un cœur pour les perdus et qui voulait vivre sa foi de manière radicale. J’y ai beaucoup appris, mais pas mal souffert aussi…

Progressivement, les pressions se sont faites plus fortes et les abus spirituels et de pouvoir sont devenus plus évidents. Il s’agissait de pressions de la part du leader spécialement sur les autres responsables qui l’entouraient: leur présence était obligatoire à chaque réunion, peu importe s’ils avaient d’autres obligations (familiales, mariage, etc.; s’ils allaient tout de même à ce mariage, ils étaient sévèrement repris en public, accusés de ne pas faire la volonté de Dieu, d’être à côté de leur appel).

Lorsqu’on m’a nommé responsable d’un secteur d’église après dix ans de vie chrétienne et un lourd passé dans la zone, l’alcool et la drogue, je pensais être «arrivé». J’étais vraiment reconnaissant envers le Seigneur des dons qu’il avait mis en moi et désirais les mettre au service de son Corps. Mais la tâche s’est avérée plus ardue que je ne le pensais. Je me suis vite retrouvé surchargé d’activités, n’ayant plus une seconde à moi entre les divers engagements de mon «ministère», les situations personnelles des gens de mon équipe à gérer, la formation à suivre obligatoirement et mes propres combats face à la sainteté que demande une telle position d’autorité; je passais mon temps à courir.

Sans être exhaustif, il existe trois domaines dans lesquels l’abus spirituel peut se manifester de manière particulièrement insidieuse.