La joie malgré tout...
Maladie et folie
J’avais huit ans quand ma mère est tombée gravement malade. C’était plus qu’une simple dépression, des accès de folie. Elle perdait complètement le sens de la réalité; elle était convaincue d’être mauvaise et voulait s’enlever la vie. Mon frère et moi n’y comprenions rien. Pourquoi était-elle ainsi? Et puis, c’était terrible lorsqu’elle ne nous reconnaissait même plus! Un jour, alors que cela allait vraiment mal, une femme est venue frapper à notre porte, disant qu’elle venait nous aider et que Dieu lui avait dit de venir. Cela m’a beaucoup touchée et aussi très intriguée. Dieu existait donc et se souciait de nous. Ouah!
Alors, puisque lui s’intéressait à moi, j’ai décidé de m’intéresser à lui! Bien souvent, dans l’église ou au-dehors, je sentais sa présence et sa bienveillance. Oui, il me regardait avec amour et me voulait du bien. Cela me réconfortait! Je peux dire que, malgré toutes les crises et les hospitalisations de ma mère, Dieu a pourvu à tous mes besoins. Dans ces temps difficiles, il m’a donné la force, le courage et même la joie! Là où les médecins n’avaient aucun espoir, Dieu a fait des miracles et des guérisons. Aujourd’hui, ma mère n’est plus sous l’emprise des angoisses et de la folie. Elle est indépendante et vit normalement.
Drogue: hasch, acide, héroïne
Quand j’avais quatorze ans, j’ai vu mon frère de quinze ans commencer à se droguer. Au début, c’était du hasch. Il en prenait souvent, cela le mettait dans un état second, très déconnecté, comme coupé de tout. Il ne voyait que quelques copains, toujours les mêmes, ceux avec lesquels il fumait. Il n’avait plus que deux mots à la bouche, cool et speed, comme si le monde entier pouvait se définir ainsi! Tout était ou bien «cool», sympa, bien à ses yeux, ou bien «speed», c’est-à-dire désagréable, malvenu, indésirable, à fuir ou à proscrire! Lui qui était un pro du vélo de course, gravissant les cols de montagne, n’avait maintenant plus qu’un seul plaisir, celui de s’écraser dans sa chambre avec ses copains pour fumer. Ensemble ils disaient souvent que, si cela allait mal, c’était la faute de la société et qu’il n’y avait du reste aucun espoir, aucun avenir. Personnellement, j’étais dans un tout autre état d’esprit.
A treize ans, dans un camp, je m’étais décidée à choisir Jésus pour capitaine de ma vie. Oui, je m’en souviens, un beau jeune homme de quinze ans m’a dit que je ne pouvais pas rester un jour de plus sans choisir si c’était moi ou Jésus qui conduisait ma vie. Je lui ai dit que je lui répondrai le lendemain. Dans ma chambre, j’ai pris une feuille de papier, y ai fait un grand trait vertical, écrivant à gauche «contre» et à droite «pour». J’ai alors réalisé que, face au Seigneur de l’univers, je n’étais qu’une petite fourmi, que ma vue ne portait pas très loin, alors que lui, depuis là-haut, saurait bien mieux que quiconque me guider et me conseiller.
Aujourd’hui, avec bien des années de recul, je vois à quel point le Seigneur m’a gardée d’un grand nombre d’écueils et de pièges. Non parce que j’étais plus forte que les autres, mais surtout parce que je lui avais dit «oui», que je lui avais laissé l’accès au poste de commandes de ma vie.
Mon frère a continué à se droguer et est même passé aux acides, puis à l’héro. A trente-cinq ans il est décédé. Cela a été très dur pour moi. De plus, à ce moment j’étais enceinte de mon premier enfant. Mais le Seigneur, par le biais de quelqu’un, m’a donné l’assurance qu’il était sauvé et cela m’a apporté une grande consolation.
Vie sentimentale et sexuelle
Quand j’ai eu dix-neuf ans, j’en ai eu assez de voir toutes les copines avoir des amoureux. J’avais bien eu des amourettes, mais je n’osais pas passer à l’acte, voulant attendre le mariage. A ce moment, j’ai entendu une voix qui me disait: «Si tu attends que Dieu te montre qui épouser, eh bien tu seras encore vieille fille à quarante ans!» Alors j’ai décidé de reprendre ma vie sentimentale et sexuelle en main. Après tout, me disais-je, je ne suis pas bête! Je saurai bien voir clair et savoir qui j’aime, qui m’aime et ce qui est bien pour moi!
Je continuais d’être chrétienne, d’aller à l’église, de proclamer que Jésus est mon Seigneur. Or je ne lui permettais plus d’être le capitaine de toute ma vie! C’est là que la dérive a commencé. A la suite d’une catastrophe, j’ai pris la pilule du lendemain, ce qui m’a fait vomir pendant l’examen du bac, que j’ai échoué. Peu après, mon ami m’a quittée. J’ai refait la dernière année de gymnase. Dans le même temps, je faisais des stages pour mon futur métier (professeur de gym). Puis mon père est tombé gravement malade. J’ai échoué une deuxième fois l’examen. Mon père m’a tellement accablée, me disant que j’étais nulle et que je n’arriverais à rien, que j’ai soudain manqué d’air. Je me suis alors précipitée sur le balcon et me suis appuyée contre la barrière, cherchant à reprendre mon souffle. Là aussi, clairement, comme quelqu’un qui vous parle, j’ai entendu: «Allez, saute en bas, cela embêterait bien ton père. Tu pourrais alors te venger de toute sa méchanceté!»
Le discours était logique, et c’est vrai que c’était tentant. De plus, puisque j’étais si nulle selon mon père, qu’avais-je à perdre? Horrifiée, je me suis retirée en arrière et me suis exclamée: «Non!» Aujourd’hui, je peux clairement dire que le Saint-Esprit m’a sauvée à ce moment-là. Oui, ce Dieu créateur a un amour immense pour chacune de ses créatures et il ne veut qu’aucune périsse! Quelle joie de se savoir aimée, respectée, regardée comme un trésor de grand prix, quoi qu’on ait fait ou pas fait.
Durant dix ans, j’ai vécu une relation amoureuse, puis une autre, accumulant les blessures, les tristesses, les aigreurs… jusqu’au jour où je suis tombée à genoux et lui ai demandé pardon de lui avoir repris des mains les rênes de ma vie. Là, j’ai décidé de lui faire confiance pour ce domaine aussi. Oui, lui saura me trouver la bonne personne pour ma vie ou alors me donner une vie de célibataire épanouie.
Trois mois plus tard, j’ai rencontré Patrick. Nous nous sommes mariés. Dieu nous a fait le cadeau de deux magnifiques enfants. Je ne pouvais pas rêver mieux. C’est le miracle de Dieu. Oui, il y a beaucoup de joie et de belles surprises pour ceux qui mettent toute leur confiance en Dieu.
Témoignage d'Inès Rey