Vous pouvez également faire une recherche par mot clé. Une fois le texte entré dans le champ, tapez le bouton "Enter" de votre clavier.

Banditisme - Témoignage

«Il était une fois…» Mais… c’est un conte de fées? Oui, alors ouvrez bien vos oreilles et accompagnez-moi, si vous le voulez bien, dans cette aventure.

Je m’appelle Simon. douzième d’une famille créole de quatorze enfants, je suis né à l’île de la Réunion. Mes parents ont émigré en métropole (France) dans le but d’avoir une vie économiquement meilleure. J’avais alors environ 4 ans. Ce qui pouvait paraître un rêve s’est avéré être bien difficile au début. Ma famille s’est entassée dans un tout petit appartement. On faisait coucher un plus petit avec deux grands dans le même lit pour que tous tiennent dans le peu de mètres carrés et de lits disponibles. Mes parents travaillaient dur pour survivre. Notre vie était plutôt chiche; les plus grands aidaient aux tâches ménagères et quelques-uns des plus petits avaient le privilège de partir en colonie de vacances. Ce n’était pas facile pour nous de nous adapter ni d’être acceptés, étant créoles, dans ce petit village de Haute-Savoie. Mes parents, à force de travail, ont fini par entreprendre la construction d’une maison familiale. Dès lors, nous avons eu plus de place pour la famille et avons connu la joie de la vie à la campagne. Mon père était adventiste, ma mère catholique; nous avons reçu une éducation «biblique» et, étant jeunes, nous fréquentions l’école du sabbat.

Malheureusement, les méthodes que mon père croyait bonnes pour nous transmettre la foi nous ont plutôt donné envie de fuir très loin de l’église. Mes parents ont aussi connu des difficultés entre eux et, lorsque j’ai eu environ 15 ans, ils se sont séparés. Dès lors, mon père est devenu de plus en plus absent. De superstricte et sévère qu’était l’éducation de mon jeune âge, j’ai passé à une liberté durant laquelle la balance a fortement basculé dans l’autre sens. Malgré les bons conseils de ma mère, très occupée par son travail et son ménage, je sortais, je buvais, je fumais des joints, je me bagarrais, je draguais le plus de filles possible; je pensais que c’était la vraie vie. Parallèlement, j’ai entrepris un CAP (certificat d’aptitude professionnelle) en électricité. Seulement, foire et études n’allant pas bien ensemble, j’ai échoué à l’examen final pour m’y être rendu encore ivre de la veille.

Puis l’âge d’aller à l’armée est arrivé. J’ai décidé de m’engager comme parachutiste en échange de la proposition de faire mes classes à l’île de la Réunion. Très vite, je me suis aperçu que je n’irai pas à la Réunion, mais au Tchad. J’ai déserté et ai fini en prison, puis j’ai été gracié lors de l’élection présidentielle. Après l’armée, où j’avais appris à manier les armes, j’ai travaillé un peu dans des chantiers de rénovation d’ouvrages d’arts (ponts, barrages, tunnels). J’aimais ce travail mais, suite à plusieurs circonstances, je l’ai arrêté et ai décidé, avec d’autres connaissances, d’entrer dans le milieu des braquages et vols à main armée. Après quelque temps, l’un de nos complices s’est fait arrêter et nous a dénoncé.

Après quelques années de préventive, j’ai été condamné à quinze ans de réclusion criminelle. La prison est devenue, pour moi, le catalyseur de ma haine, haine du système et de celui qui nous avait dénoncés. «Bénéficiant» d’une réputation de caïd et faisant partie du «gratin carcéral» qui fait sa loi intra-muros, j’ai passé mes premières années d’emprisonnement dans des plans de vengeance, nourrissant une agressivité grandissante envers le personnel pénitentiaire et envers celui qui m’avait dénoncé. Je prenais un certain plaisir à imaginer des façons variées de les supprimer. En septembre 1997, j’ai reçu un courrier d’une jeune femme que je connaissais déjà un peu d’avant mon incarcération.

Une lettre d’une fille: cela m’intéressait vivement (même si j’avais déjà une amie)! Le contenu, par contre, m’a littéralement choqué: elle me parlait de sa rencontre avec Jésus-Christ! Alors là, elle avait vraiment mal tourné! Sans doute s’était-elle fait embrigader dans une secte! J’ai pensé que ma situation était encore bien meilleure que la sienne et je me suis dit que non seulement cela serait «top» d’en faire une conquête mais, qu’en plus, j’allais faire une B. A. en la sortant de sa secte! S’est ensuivie une correspondance de deux années, où elle continuait à me décrire ses expériences spirituelles et pendant lesquelles elle refusait catégoriquement de venir me visiter (sic!). Pendant ce temps aussi, je devais être au bénéfice de prières intensives et un travail spirituel, de plus en plus fort, prenait forme. Je commençais même à penser que cette fille n’était peut-être pas sur un si mauvais chemin que cela…

Aux environs de décembre 1999, elle a eu la pensée, surprenante, que nous allions nous marier. Elle a commencé à interroger le Seigneur à ce sujet. Après bien des doutes, un soir, elle a fini par se confier en Dieu en lui disant: «Si c’est ta volonté, tu le feras; merci de ce que tu vas faire dans la vie de Simon», et elle a commencé à louer Dieu. Ce même soir, me retrouvant en cellule après une période d’un mois de mitard (isolement punitif), je me suis senti «poussé» à demander: «Dieu, si tu existes, prouve-le moi!» Et là, j’ai ressenti une puissance qui m’a poussé à m’agenouiller et à fermer les yeux pour prier. «Je n’ai pas très envie de le faire… On pourrait me voir dans l’œilleton… et m’agenouiller n’est pas dans mes habitudes!...»

Mais cette puissance m’a écrasé au sol! Et c’est en pleurs que j’ai imploré le pardon de Dieu; je ressentais la joie du Saint-Esprit me remplir alors que les larmes coulaient. Je me suis relevé, ai sonné et le surveillant est arrivé; je lui ai dit dans l’interphone: «Surveillant! Je vous aime, je prie pour vous et votre famille.» Il ne comprenait pas!... Un peu plus tard, il est revenu avec un brigadier et plusieurs surveillants; ils ouvrent la cellule: je suis si heureux et touché que j’embrasse les surveillants, complètement interloqués par ce qu’ils voient. Ils ne savent que faire alors je leur propose de refermer la porte!... Me revoilà à genoux, transcendé de nouveau! Je ressens le besoin de me purifier, je me lève pour aller au lavabo, mais c’est une douche qu’il me faut. Il n’y a pas de douche dans la cellule, alors je dis: «Seigneur, si tu veux que je prenne une douche, ouvre la porte.» La porte s’ouvre, derrière elle une armada de surveillants et le directeur qui arrivent au bout du couloir. «Monsieur le Directeur, je désirerais prendre une douche!» «C’est ça, c’est ça…» «Monsieur le Directeur, avant j’étais un loup, maintenant, je suis un agneau; Dieu guide mes pas.» Le directeur, décontenancé, m’accompagne aux douches; il est tellement atterré que c’est un surveillant qui arrivera à en ouvrir la porte. Avant la douche, je prie Dieu de purifier l’eau: pour moi, ce moment est très fort, il représente le baptême.

Ne comprenant pas ce qui m’arrive, on fait venir un médecin. C’est une doctoresse qui s’est déplacée. Connaissant un peu la Bible, elle est plutôt réjouie par ce dont elle est témoin et, Dieu voulant, elle décide que je n’ai pas besoin de piqûre. J’ai passé cette nuit à l’isolement, nuit de nouvelle vie où je me suis senti porté à prier.

Le lendemain, je suis retourné en détention et j’ai téléphoné à ma correspondante pour lui dire: «Ce que tu m’as dit sur Dieu est vrai; qu’est-ce qui m’arrive?», et de rajouter: «Je vais t’épouser!» Elle aussi est très interloquée par la soudaineté des faits, voire même un peu sceptique. Mais cela n’a pas trop duré puisque, aujourd’hui, elle est devenue mon épouse! Après ma conversion, je suis resté encore trois ans emprisonné, temps de préparation, d’études bibliques, de transformation et aussi de témoignage. Dieu est grand, puissant, il peut faire ce qu’il veut, avec qui il veut et quand il veut. Le croyons-nous? L’homme que j’étais, rempli de haine, tombé bas, très bas, il l’a relevé!

Et, vous savez, Dieu a de l’humour! Parce que, fâché à la suite du jugement, je m’étais juré de ne plus jamais mettre de majuscule au mot «France»; or mon épouse s’appelle Marie-France et notre fils est né le 14 juillet! Gloire à Dieu!

Simon (prénom fictif)

dossiers-chaback-titre
Dossiers Chaback : Dieu en action
Dossiers Chaback : eglise
Dossiers Chaback : Famille et relations
Dossiers Chaback : Faits de société
Dossiers Chaback : Médias
Dossiers Chaback : Musique