Moniteur de camp: une école de vie?
Témoignage Etre mono m’apporte beaucoup de choses tant sur le plan spirituel que relationnel. En effet, j’apprends à faire une place à l’autre dans ma vie. J’apprends à ne pas penser d’abord à moi, mais à ce que les autres cherchent et ont besoin. De plus, en étant ainsi au service de l’autre, c’est à Dieu que je fais une place; j’apprends un peu à me retirer du devant de la scène et à lui redonner la première place dans mon cœur. J’apprends à être à son écoute, pour savoir ce qu’il veut tant pour les jeunes que pour moi. Anne-Laure
La Ligue pour la lecture de la Bible (LLB) organise des camps depuis 1935 en Suisse romande. Et, de tout temps, elle a eu besoin de moniteurs ou de directeurs qui s’investissent dans cette mission – car c’en est une – pour aider des enfants, des jeunes à vivre une relation vraie et authentique avec Dieu. Avec le temps, la LLB s’est aperçue qu’être missionnaire au sein de ses camps était une réelle école de vie chrétienne pour les moniteurs et les directeurs. Car c’est bien en vivant vingt-quatre heures sur vingt-quatre en collectivité que nous apprenons qui nous sommes et comment nous vivons en relation avec les autres. Etre moniteur dans un camp est donc une excellente école de vie et nous pouvons y apprendre, entre autres choses, trois réalités spirituelles essentielles:
Je ne suis pas le nombril du monde Tout d’abord le mono apprend pendant le temps du camp à penser à l’autre avant de penser à lui. En effet, il est là en priorité pour les campeurs. Et, croyez-moi, ce n’est pas ce qu’il y a de plus simple à vivre. Le mono va devoir apprendre à se donner pour que le campeur vive un séjour où il se sentira bien. Il va pouvoir partager sa foi, son temps, ses passions et ainsi offrir ce qu’il a de mieux pour le bien de l’enfant ou de l’ado. Eh oui! il apprendra qu’il n’est pas là d’abord pour lui, mais pour être au service de l’autre.
Je suis au service de... Le mono va diriger un petit groupe, des activités, des soirées, des temps de recueillement. Il va même parfois devoir faire de la discipline. Bref, il va avoir un certain pouvoir. Le tout est de savoir comment il va le manier. Attention donc, parce que ce pouvoir, aussi petit soit-il, peut vite…
- rendre arrogant,
- être au service de notre autoglorification,
- amener à manquer de sensibilité envers les autres,
- permettre de dominer sur les autres jusqu’à, pourquoi pas, la tyrannie.
Cette autorité a le but de glorifier Dieu et le bien-être de l’autre. Ce pouvoir vise donc la croissance et le développement des campeurs; il est fait de sollicitude pleine d’amour à leur égard et d’une disposition à les écouter.
Je suis un modèle Qu’ils le veuillent ou non, les monos sont des modèles pour les campeurs. Les enfants en les voyant vont se dire: «Ça, je veux le vivre», ou: «Ça, je ne veux pas le vivre.» Les jeunes ont besoin de modèles pour forger leur personnalité et construire leur foi. Le mono peut contribuer à l’identité d’un enfant, d’un ado, même pendant une petite semaine. Et cela peut être décisif pour lui. Que va-t-il dire de l’Evangile par son vécu? Que va-t-il dire de la vie, du camp, du directeur... par ses paroles et sa façon de vivre? «La mission des camps ne sera efficace que si nous vivons l’Evangile autant que nous en parlons.»
Michel Siegrist, secrétaire général de la LLB