Comprendre l’adoration et sa substance

Interview de Linda Panci et de Sylvain Freymond

Chaback: Vous êtes tous deux des adorateurs et des conducteurs de louange et nous aimerions apprendre de vous ce qu’est l’adoration. Comment la définiriez-vous?

Linda: Pour moi, il y a deux côtés dans l’adoration:

1. regarder à Dieu pour m’imprégner de sa personne et de ses qualités et
2. répondre à Dieu par amour et reconnaissance. Ma définition: «Tout ce que je suis pour glorifier tout ce qu’il est.»

Sylvain: Pour moi, l’adoration est la réponse fondamentale d’un chrétien envers son Dieu. Si tu le connais et que tu l’aimes, tu l’exprimes par ton adoration.

Ch.: Quelle est la substance de l’adoration?

Linda: L’adoration est un acte de l’esprit. Nous pouvons nourrir notre connaissance de Dieu par la réflexion, et laisser parler notre cœur et notre âme pour lui rendre notre amour est un choix et une expression de communion avec lui.

Sylvain: La substance de l’adoration est une attitude générale et complète d’abandon et de confiance en Dieu. Dans le même temps, il y a une soumission et un amour profonds pour celui que j’aime et que je désire suivre.

Ch.: Pourquoi adorer?

Linda: Cantique des cantiques 2:14b nous dit: «Fais-moi voir ton visage et entendre ta voix, car ta voix est bien douce et ton visage est beau.» Dieu aime notre communion ensemble et j’en sors fortifiée et assurée. J’aime la façon dont Chris Christensen l’exprime dans son chant Je suis né pour te louer… je suis fait pour toi.

Sylvain: Nous le faisons pour répondre à l’appel de Dieu et à son amour. Il nous a aimés le premier et nous lui répondons en lui donnant notre amour en retour.

Ch.: Comment adorer au quotidien? Avez-vous des tuyaux?

Linda: Nous avons tous des tempéraments spirituels différents. Pour moi, faire une promenade dans la nature me renouvelle, car regarder les œuvres du Créateur réveille mon esprit. Quant à mon mari, il se connecte avec Dieu surtout par les Ecritures, assis à la maison dans un fauteuil! Dans la voiture, nous apprécions tous deux d’écouter un CD de louange chantée ou instrumentale, ou des chants grégoriens. D’autres sont motivés par une liturgie, par le silence ou par la beauté. J’aime aussi lire, chanter ou composer un psaume.

Sylvain: Je dirais qu’il faut le faire simplement et de manière normale. Je ne crois pas aux systèmes religieux qui nous enferment dans une structure. L’amour doit être simple, sincère et vrai. Dieu nous demande de l’adorer en vérité. Nous pouvons donc l’aimer quotidiennement au-delà de ce que nous ressentons. Je lui parle, je chante, je prie et surtout j’agis et je prends des décisions en rapport avec celui que j’adore.

Ch.: Quelles formes peut revêtir l’adoration?

Linda: Elle peut revêtir celle de nos dons ou de nos talents! Certains adorent Dieu en faisant la cuisine ou en assistant une personne âgée. L’une de mes amies honore Dieu par son excellent travail au bureau. Si nous l’adorons, je crois que tous nos services peuvent lui apporter gloire.

Sylvain: Il en existe beaucoup de formes diverses et variées comme l’offrande, le don de soi, l’obéissance, le cadeau, le sacrifice, le chant, la création, le repos, le silence, la contemplation, l’œuvre artistique, l’aide concrète, les relations humaines vraies…

Ch.: En quoi les arts peuvent-ils être une forme d’adoration? Avec quelles limites?

Linda: L’une des fonctions de l’art est la révélation, une capacité de toucher notre esprit aussi bien que notre tête. Chacun (artiste ou non) peut offrir son œuvre, l’expression de son âme à Dieu, comme un enfant offre sa peinture à ses parents. Nous pouvons nous glorifier nous-mêmes ou alors Dieu, si nous le reconnaissons comme notre source d’inspiration. Juger si l’art est bon ou mauvais, beau ou laid dépend d’un autre critère. Les limites? Je pense que nous pouvons aussi décrire l’état du monde dans nos peintures ou notre musique… pour pouvoir passer à la perspective de Dieu ou au moins reconnaître le besoin de quelque chose de meilleur. Généralement, cela ne passera pas pour le culte du dimanche matin!

Sylvain: Les arts sont un merveilleux moyen d’expression créative et peuvent vraiment montrer qui nous servons. Ils sont une action qui donne une direction. Je chante pour Dieu et ceux qui m’entendent peuvent regarder dans sa direction. La même chose est valable pour un tableau, une sculpture ou une décoration. La limite, c’est l’art pour l’art, prendre l’art comme alibi ou comme excuse pour faire juste ce qui nous plaît, sans avoir de vision.

Ch.: Ce que l’adoration n’est pas…

Linda: Elle n’est pas un certain style de musique ou même d’aller au culte sans «engager mon esprit».

Sylvain: Elle n’est pas un moment de musique! Beaucoup de personnes confondent musique et adoration. Il y a une grande différence. L’adoration n’est pas non plus de chercher à se faire plaisir. Il y a un grand chemin à faire!

Ch.: Comment vois-tu l’adoration dans l’Eglise aujourd’hui?

Sylvain: Il y a du bon et du moins bon, beaucoup de développements, de nouvelles choses, plus de créativité, plus de place pour la diversité et l’implication de nombreuses personnes. Cependant il ne faut pas tout mettre sous le couvert de l’adoration. Beaucoup de personnes prennent la louange comme alibi simplement pour pouvoir chanter ou jouer leur morceau favori et ensuite ne paient pas le prix de la vraie adoration. Nous devons apprendre à louer et à adorer au-delà de nos limites et de nos sentiments.

Linda: Pour conclure, je signale qu’il existe depuis plus de vingt ans un forum de louange où une douzaine de conducteurs de louange connus se retrouvent régulièrement. Notre but est de nous encourager, de prier ensemble, de promouvoir l’unité et la formation. Pour plus d’informations, il faut vous rendre sur le site www.psalmodia.net.

Anne Kreis