Vous pouvez également faire une recherche par mot clé. Une fois le texte entré dans le champ, tapez le bouton "Enter" de votre clavier.

Les CD: Quarante ans d’un ministère de foi!

La vision des Compagnons de Daniel (CD), aujourd’hui Association CD (ACD), a été reçue par Claire-Lise de Benoît en 1971, à la suite d’une prévention drogue dans un camp. Elle a été interpellée par la réaction des campeuses qui tenaient absolument à signer un engagement d’abstention. Elle met alors une toison devant le Seigneur pour savoir si elle doit démarrer une œuvre de prévention, lui demandant de rencontrer quelqu’un qui a la même vision qu’elle au congrès européen d’évangélisation. Et Dieu lui répond clairement en lui faisant rencontrer un pasteur de Marseille, M. Charpillot. C’est ainsi que les Compagnons de Daniel naissent et se structurent en association en Suisse, alors qu’en France des milliers d’engagements sont rapidement signés, mais sans structure ni ministère derrière; ce ne sera qu’un feu de paille.

Les trois buts de l’ACD ont toujours été la prévention (au départ surtout par rapport aux drogues qui se banalisaient, puis par rapport à diverses pollutions morales qui touchent la jeunesse), l’évangélisation et l’édification des adolescents et des jeunes adultes.

Nous avons posé quelques questions à Fred Sandoz, à Marcel Geiser et à Pierre-André et Christiane Perrin, qui ont été parmi les pionniers du mouvement; nous leur disons, ainsi qu’à sa fondatrice Claire-Lise de Benoît, décédée en 2008, toute notre reconnaissance pour leur foi, leur audace et leur travail.

FRED, tu as été l’un des moteurs au départ de cette œuvre. Peux-tu nous raconter ses débuts?

En 1972, j’avais trente-six ans et je venais de rejoindre, avec ma famille, une église évangélique de Genève. A l’époque, «dans le civil», je venais d’être nommé directeur d’un cycle d’orientation. Lors d’un colloque, la psychologue nous avait avertis de nous préparer à l’arrivée des drogues dans le milieu scolaire. Peu après, j’ai rencontré Blaise H. (actif dans la louange et parmi les nombreux jeunes qui se sont convertis à cette époque). Ensemble, nous avons approché les Compagnons de Daniel, mouvement qui venait de démarrer sous l’égide de la Ligue pour la lecture de la Bible […] et qui cherchait des responsables pour chacun des cantons de Suisse romande; nous nous sommes engagés, Blaise et moi.

Les différents comités, genevois et romand, étaient fort animés. Une action de prévention antidrogue a été entreprise. Des slogans tels que «Non à la drogue, oui à Jésus» ont été mis au point dès les débuts; divers autocollants ont été diffusés.

Tu as aussi été l’un des rédacteurs principaux de Schadrack (aujourd’hui Chaback) à ses premières heures…

Assez rapidement, l’idée s’est imposée à nous qu’il fallait lancer un journal pour ce mouvement; cela a été la naissance de Schadrack, du nom de l’un des compagnons du prophète Daniel. Longtemps, j’ai joui du redoutable privilège d’être pratiquement le seul rédacteur de nombreux numéros. Mes deux romans d’anticipation prophétique, Lorsque le ciel s’embrasa et La révolte de Magog, y ont paru en feuilleton durant huit ans, avant d’être publiés sous forme de livres.

MARCEL, tu as été le pionnier du ministère des CD. Raconte-nous ton appel et l’aventure que tu as vécue sur le terrain!

A six ans, je savais que je deviendrais enseignant, et à seize ans je savais que, dix ans plus tard, je servirais le Seigneur à plein temps. Mais où et dans quel cadre...? En 1971, Claire-Lise de Benoît m’invite à rejoindre quelques personnes chez elle pour fonder les Compagnons de Daniel. Mon expérience de service bénévole parmi les toxicomanes de la vallée de Tavannes pouvait être utile à cette nouvelle association. J’ai alors organisé des activités CD régionales.

En 1975, à vingt-six ans, j’ai répondu à l’appel de Dieu et démissionné de mon poste d’enseignant à Bévilard, sans retour possible puisque trente-deux enseignants postulaient pour cette place. J’étais libre de faire la volonté de Dieu, mais dans quelle organisation? Animateur de jeunesse au sein de l’Armée du salut ou aux Compagnons de Daniel? Le premier poste n’étant pas envisagé, je n’avais plus le choix. Je me suis autoproclamé animateur romand des CD, avec l’accord du comité. Mon engagement était bénévole, illimité dans le temps et sans cahier des charges.

C’était un peu fou… il fallait vraiment faire confiance à Dieu au quotidien! Avec le recul, comment vois-tu cette période?

Cela a été six années merveilleuses de foi, de joies et d’engagement total. Je ne les regretterai jamais et j’en vois encore maintenant les fruits. Gloire à Dieu! Je pourrais en écrire un livre!

En 1981, le directeur de l’école primaire de La Neuveville m’a proposé un poste à plein temps, avec un délai de trois jours pour la réponse. Avec l’accord de Dieu et du comité, j’ai accepté ce nouveau ministère sédentaire. Mon travail de pionnier était terminé. Alain et Anne Kreis ont repris le flambeau et ont tenu jusqu’à maintenant.

As-tu une anecdote à partager?

Laquelle choisir parmi les centaines possibles? spirituelle? pratique? Projection d’un film sur une place publique de Fleurier… beaucoup de monde… Le film démarre, une courroie du projecteur 16 mm casse. J’ai donc projeté le film entier en tournant la bobine à la main et en maintenant le bon rythme. Ouf!

PIERRE-ANDRÉ ET CHRISTIANE, vous avez été très longtemps la cheville ouvrière des CD:

comités, groupe CD chez vous, week-ends et camps, mise en pages de Schadrack, expéditions… et j’en passe! Racontez-nous un peu comment vous avez survécu!

Printemps 1977, 18 h. Chez des amis, nous regardons l’émission de la TSR «L’antenne est à vous». Ce soir-là, les Compagnons de Daniel du Jura bernois présentent leur travail et les activités qu’ils organisent dans la région. Séduits, nous prenons contact avec Marcel Geiser et, dès les premières minutes, le contact passe. Nous voilà embarqués pour une aventure qui durera plus de vingt ans. Notre ministère s’est partagé entre les réunions hebdomadaires des groupes d’enfants et les camps ou week-ends (bibliques, de marche, à vélo, découverte de la nature, etc.). Nous avons eu la joie de collaborer avec Marcel, bien sûr, mais aussi avec de chers amis de la région que je profite de remercier au passage.

En 1977, je suis invité au comité romand par Marcel. Je suis de suite frappé par l’accueil, l’ouverture et la générosité de ses membres. J’apprécie à leur juste valeur les encouragements qu’ils me prodiguent et la confiance qu’ils m’accordent (je n’avais pas 30 ans à l’époque). Ces réunions m’apportaient une bouffée d’enthousiasme pour relever de nouveaux défis. Petit à petit, nous avons créé du matériel de présentation et avons élaboré un Schadrack junior qui laissait une large place à la vie de l’association. Par la suite, j’ai repris la coordination du journal Schadrack en y incorporant des pages destinées aux juniors. Une équipe s’est mise en place pour relever ce défi, chacun avec sa touche dans un domaine: rédaction, mise en pages, illustrations, informatique, expédition. Que de sueur, de tasses de café et de kilos de colle! Merci à chacun!

Il y eut dès lors moins de temps pour les camps, mais nous avons gardé le groupe d’ados qui se réunissait chez nous, souvent jusque tard dans la nuit. Parallèlement, nous avions une activité sportive en salle de gym pour permettre aux jeunes d’y inviter leurs copains. Ces ados ont grandi, ont pris des responsabilités dans les activités, plusieurs couples se sont formés et certains jeunes sont entrés dans des ministères pastoraux ou de jeunesse. Gloire à Dieu!

En 1982, suite au changement d’orientation professionnelle de Marcel, le comité a accueilli Alain et Anne Kreis comme animateurs romands. Une page se tourne et de nouvelles activités apparaissent avec leur lot d’interrogations au sein du comité. Le ministère s’enrichit et explore d’autres horizons, avec ce désir constant: présenter l’Evangile aux adolescents et les accompagner pour la traversée de cette période parfois difficile de la vie. C’est aussi le temps des camps de ski: quelle joie de voir des vies transformées par le Seigneur et des jeunes entrer dans leur destinée!

En 1982 également, je reprends la présidence du comité romand. Une assez lourde tâche, accompagnée de son lot de soucis et de joies. Durant plusieurs années, nous avons œuvré à la rédaction de statuts, à des démarches auprès des autorités et autres tracasseries administratives dont on se serait bien passé. Cela a tout de même permis de mettre en ordre notre fonctionnement, nos relations avec divers partenaires et de préparer une base solide pour l’engagement d’un animateur à plein temps, salarié décemment.

Avril 1999, je préside ma dernière assemblée générale et passe le témoin pour la plupart de mes responsabilités. Il m’a semblé juste de me retirer pour que d’autres puissent mettre leurs talents au service de Dieu. Actuellement, nous participons encore à quelques tâches, l’expédition du journal et de la lettre de nouvelles en particulier. Nous restons persuadés que l’engagement de jeunes adultes aux côtés d’ados est une clé pour les aider à trouver des repères et être équipés pour affronter la vie et le monde.

S’aider pour ne pas céder, tout un programme! C’est celui que l’association CD essaie de réaliser depuis 40 ans, au travers de tous ceux qui ont donné un peu (ou beaucoup) de leur temps, avec la force et la joie du Seigneur.

Pierre-André

Nous pouvons presque dire que les CD ont occupé une bonne partie de votre vie et de votre cœur… Qu’ont-ils donc apporté à votre famille?

Entrer dans un appel, c’est relever un défi en acceptant ses beaux comme ses moins beaux côtés. Grâce à une bonne dose de persévérance, un zeste de folie, un brin d’humour et une totale confiance en Dieu, nous avons duré! Ce fut à la fois une aventure passionnante avec comme leitmotiv «donner et se donner pour finalement beaucoup recevoir», et un apprentissage sur le tas de divers métiers au travers de toutes les activités résumées ci-dessus.

Débuter avec des enfants dès 12 ans, pour continuer avec eux jusqu'à l'âge adulte en passant par l'adolescence fut un autre défi. Bien sûr, cela a constitué une bonne préparation pour affronter cette période avec nos propres enfants. Voir des enfants se tourner vers le Seigneur nous a beaucoup encouragés. En fait, nous avons formé une grande famille avec des hauts et des bas mais, surtout, une famille accompagnée par un grand Dieu.

Ce n’était pas possible de donner un message chaque semaine à des jeunes sans être prêts, nous les premiers, à être remis en question par ce message. Il faut vivre ce que l'on dit! Cela nous a permis de nous approcher toujours plus de Dieu, de mieux le connaître et de savoir reconnaître nos manquements. Accorder et demander le pardon ont été des clés nécessaires pour tenir toutes ces années. On a beaucoup appris à dépendre du Seigneur, à tenir bon et à avancer par la foi dans tous les domaines.

Par ailleurs, notre horizon s'est élargi grâce à la collaboration avec d'autres chrétiens de Suisse romande. Ceux-ci sont devenus des amis qui ont soutenu toute notre famille. Bref, entrer dans les œuvres préparées d'avance par le Seigneur (Eph. 2:10)… en vaut vraiment la peine!

Christiane

dossiers-chaback-titre
Dossiers Chaback : Dieu en action
Dossiers Chaback : eglise
Dossiers Chaback : Famille et relations
Dossiers Chaback : Faits de société
Dossiers Chaback : Médias
Dossiers Chaback : Musique