Interjeunes, un réveil parmi la jeunesse
Interjeunes… cela vous dit-il quelque chose? Vous avez peut-être un ami qui en fait partie. Les camps de ski à Grimentz vous parlent peut-être un peu plus… Non, toujours pas?
Alors laissez-moi vous ramener à l’époque où certains parents avaient notre âge… je parle des années 1970. Alors que les églises traditionnelles étaient les plus importantes à l’époque, des jeunes ont décidé de créer un groupe très différent de ce qu’ils côtoyaient. Interconfessionnel et dynamique étaient les mots importants de ce groupe. De plus, ils avaient à cœur de toucher la région d’Yverdon-les-Bains. Ils ont ainsi organisé des concerts, ouvert des café- bars et plus tard organisé des camps de ski pour toucher un maximum la jeunesse d’alors. Dieu est à l’œuvre et ce groupe, déjà appelé «Interjeunes», va bénéficier d’une expansion massive en passant d’une vingtaine à une centaine de jeunes de la région.
Interjeunes est actuellement (en 2013) présent dans six régions de Suisse romande (Yverdon-les-Bains, Vallorbe, Echallens, Vallée de Joux, pied du Jura, Chablais). Mais je crois que les mieux placés pour en parler sont des responsables qui ont vu l’œuvre de Dieu se dérouler au travers des différentes générations.
Chaback: Bonjour, peux-tu te présenter, dire quand et à quel Interjeunes tu as pris part? Qu’est-ce qui t’avait amené à venir dans un groupe comme celui-ci?
S.F.: Sylvain Freymond, Interjeunes Yverdon-les-Bains de 1977 à 1987. Responsable de 1981 à 1987.
J’ai découvert le groupe lors d’une soirée où j’ai été invité et je ne l’ai plus quitté depuis. J’ai aimé la vie, le dynamisme, la foi des jeunes, les amitiés profondes et la louange... tout cela m’a attiré et m’a amené à continuer.
G.Z.: Je m’appelle Guy Zeller, j’ai fait partie d’Interjeunes Yverdon-les-Bains de 1986 à 1992, puis nous avons démarré Interjeunes Vallorbe avec mon épouse Joële et quelques amis. J’y suis resté jusqu’en 1995. J’ai été attiré à Interjeunes en rencontrant certains jeunes du groupe qui me semblaient vivre quelque chose que je ne vivais pas.
Ph.T.: Philippe Thueler. J’ai commencé à aller au groupe Interjeunes à Yverdon-les-Bains de 1989 à 1993, puis j’ai participé au lancement d’Interjeunes Echallens entre 1993 et 1997. J’y suis allé parce que j’ai été invité par des copains chrétiens de ma classe de gymnase. J’y suis resté parce qu’on y vivait quelque chose de fort avec Dieu.
P.B.: Patrick Bigler, Interjeunes Echallens entre 1998 et 2012. J’ai été responsable un peu plus de huit ans et président de l’association plusieurs années jusqu’à fin 2012. J’y suis venu, car c’était une histoire de famille, mes parents se sont rencontrés dans le groupe d’Yverdon-les-Bains. Puis de fil en aiguille, avec mes amis, j’ai commencé à y aller à l’âge de seize ans.
Chaback: Pourquoi penses-tu qu’il y a eu un réveil? Qu’est-ce qui a fait changer les mentalités des jeunes?
G.Z.: Je pense que nous avons vécu un miniréveil à la fin des années 1980, passant en quelques années de quinze à cent cinquante jeunes, avec l’implantation de nouveaux groupes qui a suivi. Il y avait pratiquement tous les vendredis soir des conversions, des baptêmes de l’Esprit, des délivrances... avec une forte onction dans la louange et l’amitié. Je crois qu’un réveil ne vient pas juste parce que nous appliquons certaines recettes, mais certains des éléments qui nous ont conduits à vivre cette dimension ont été:
‒ Chercher Dieu quand les groupes vivotaient et ne grandissaient plus, intercéder et prier pour voir Dieu agir et savoir quelle était notre part.
‒ Revenir à notre appel premier d’évangéliser. Nous l’avons fait avec nos faibles moyens...
‒ Etre coachés et suivis de près par un évangéliste de JEM qui nous poussait constamment en avant, investissait dans notre vie tous les mois et dans nos camps de ski...
‒ Investir notre temps, notre argent, notre énergie, notre cœur... sans compter. Une priorité claire, une passion.
‒ Prioriser les contacts avec les nouveaux avant et après les soirées. Ce n’est qu’ensuite que nous nous tournions vers nos amis.
P.B.: Je pense qu’à un certain moment, beaucoup se sont dit: «Allez, on y va à fond! On veut vivre plus de la présence de Dieu. On veut plus le connaître!» Du coup, la consécration chez beaucoup a été plus grande tant au niveau personnel que dans l’implication du groupe de jeunes! Il y a eu une envie de changer les habitudes... peu à peu de nouvelles choses se vivaient dans les soirées au niveau de l’Esprit, et on voyait aussi que les jeunes changeaient leurs habitudes, commençaient à témoigner autour d’eux, à amener des non-chrétiens aux soirées... qui souvent se convertissaient. Bref, ils devenaient actifs, passionnés et contagieux afin d’influencer la société.
Chaback: Qu’est-ce qu’Interjeunes ou ce réveil a changé dans ta manière de vivre ta vie avec Dieu?
S.F.: Cela m’a donné une passion et un feu, un désir de voir les choses se passer et se transmettre plus loin... Lire la Bible, prier avec l’Esprit et s’engager à fond!
G.Z.: J’ai appris à avoir une vision, à adapter constamment notre structure pour servir la vie, à vivre dans un environnement où la croissance et le surnaturel sont attendus et normaux, à chercher Dieu et à entendre sa voix, à faire des pas de foi et à relever des défis, à former des disciples et des responsables...
P.B.: Une perception que Dieu est vivant, concret et qu’il agit! Que les problèmes de notre vie, nos défis au quotidien ne sont que peu de chose par rapport à la grandeur de Dieu. La croix est le plus grand des miracles; grâce à ce sacrifice, je suis libre. Grâce à Dieu, je suis plus que vainqueur.
Ph.T.: J’ai réalisé que Dieu est vivant et agissant dans les vies par son Esprit, qu’il a des projets pour moi, qu’il me prend au sérieux dans ses exigences de sainteté.
Chaback: Peux-tu me citer un témoignage de ce que Dieu a accompli dans ta région à ce moment-là?
S.F.: Des conversions en nombre assez important, de l’unité au niveau de la jeunesse, de l’implication dans des tournées d’été, des camps d’évangélisation, des concerts de musique chrétienne et une motivation générale des jeunes chrétiens à servir Jésus. Le début de l’essaimage et la transmission de la vision d’agrandissement d’Interjeunes.
G.Z: J’ai eu à cœur de démarrer un groupe biblique dans mon école professionnelle. Je n’ai pas vu grand-chose se passer la première année, mais dans les années qui ont suivi une vingtaine de jeunes sans lien avec la foi ont découvert le Seigneur par ce groupe ou en étant introduits à Interjeunes par des amis de ce groupe.
Chaback: Qu’est-ce qui a été laissé pour la jeunesse d’aujourd’hui et quels conseils donnerais-tu aux jeunes chrétiens?
S.F.: Il en est resté la vision de l’unité, les camps de ski dynamiques sous l’onction de l’Esprit, une vision pour toucher les différentes régions...
Je dirais aux jeunes de profiter de cette période de leur vie pour s’engager à fond pour Jésus et de faire plein d’expériences de foi au niveau du Saint-Esprit, des miracles, de la guérison et surtout de continuer de toucher la jeunesse en organisant des activités pour eux! Travailler à l’unité de l’Eglise et des jeunes et servir avec passion, se mettre au service de la vision donnée par le Seigneur dans une région ou une ville.
G.Z.: J’encouragerais les jeunes chrétiens à ne pas se satisfaire de ce qu’ils vivent et à avoir soif de grandir, en profondeur comme en nombre. Je les encourage à ne pas regarder à la dépense et à placer leur passion en Jésus-Christ. Je les encourage à oser sortir des sentiers battus, à relever les défis placés devant eux et à ne pas rester dans leur zone de confort. Et je les encourage à ne pas se contenter d’un christianisme «de salon» avec une louange asceptisée destinée à leur faire du bien, mais à poursuivre leur appel et leur destinée de tout leur cœur!
Ph.T.: Je pense que Dieu continue à honorer la même radicalité dans la manière de s’attacher à lui pendant notre jeunesse, où l’on fait des choix majeurs pour notre vie. Et que la vie de son Esprit est vraiment au cœur de ce qu’il a de meilleur pour chacun.
Merci à tous ces intervenants de leurs précieuses réponses! Voilà, entre autres choses, comment Dieu a agi durant quarante ans et a touché des centaines de jeunes dans ces générations. Et pourquoi notre génération ne continuerait-elle pas ce qui a été commencé?
J’ai retenu les expressions «radicalité», «Saint-Esprit», «Dieu au quotidien», «être contagieux», «évangélisation»… tout un programme… Alors, quand est-ce qu’on commence?;-)
Propos recueillis par Mathieu Freymond