L'endettement chez les jeunes
Achetez aujourd’hui et payez demain! Le slogan est commun… et il est difficile de résister à la tentation dans notre société de consommation! La relation à l’argent est problématique de nos jours tant pour les jeunes que pour les adultes.
Selon Intrum Justitia S.A., leader dans les secteurs du recouvrement de créances et de la protection des crédits, les premiers problèmes surviennent dès l’adolescence:
• La moitié des jeunes endettés le sont avant leur vingtième anniversaire déjà.
• Le 30% des jeunes de 18 à 25 ans ont des découverts variant de quelques centaines à plusieurs milliers de francs.
• Le 80% des adultes surendettés contractent leurs premiers emprunts avant 25 ans.
Si, dans certains cas, les jeunes consomment pour compenser un manque, ils achètent souvent en revanche pour oublier leurs soucis ou tout simplement pour le plaisir que leur procure l’acte d’achat. La question d’argent ne vient que plus tard… les problèmes aussi!
Téléphones portables, vêtements, loisirs… il n’est pas facile de résister à la tentation du «tout, tout de suite». La pression sociale est grande! De plus, les jeunes consomment souvent sans avoir de rapport direct avec l’argent, mais par le biais de cartes bancaires.
• A 13-14 ans, c’est souvent le début de la spirale. Certes, les montants sont petits et trouvent leurs solutions dans l’emprunt aux frères et sœurs ou aux parents qui avancent sans cesse l’argent de poche de la semaine suivante. Ces problèmes pécuniaires touchent particulièrement les jeunes fraîchement sortis du cocon familial, en transition entre une formation professionnelle et la vie active.
• A 18-20 ans, les rêves peuvent se transformer en cauchemar… Permis de conduire… première voiture… premier logement… virées avec les copains… le tout avec l’aide de ces sacrées cartes plastique! Les conséquences de l’endettement chez les jeunes peuvent devenir très lourdes à supporter et entraînent la honte, la culpabilité, l’insomnie, voire la perte d’amis et la marginalisation. Malheureusement les possibilités de crédit font souvent l’effet d’une bombe à retardement.
Comment faire face à ce problème de société qui prend des proportions inquiétantes? C’est en brisant le silence que nous augmentons les chances de nos jeunes de s’en sortir. Nos enfants sont devenus des cibles faciles. Il ne suffit pas de limiter la publicité en faveur du petit crédit ou d’interdire l’accès des cartes de crédit aux mineurs. Intrum Justitia nous dit qu’en Finlande, le cours Le rapport avec l’argent est devenu une branche obligatoire enseignée dans les écoles. Est-ce vraiment par hasard que le taux d’endettement chez les jeunes est le plus bas d’Europe dans ce pays scandinave?
Les Suisses les plus endettés sont plutôt jeunes et latins; en outre, ils apprennent aussi à se priver. En effet, près de 85% d’entre eux arrivent à résoudre le problème en renonçant au luxe, aux vacances et aux loisirs. Le sujet de l’endettement reste un tabou même si plus d’un tiers des personnes touchées acceptent le soutien de la famille et des amis. Pour s’en sortir, plus de 60% des débiteurs opèrent un changement radical de mode de vie, indiquait Intrum Justitia en présentant les conclusions de son étude annuelle. Renoncer aux biens de luxe, aux vacances et aux loisirs sont les premières concessions, souvent combinées entre elles. Abandonner sa mobilité est un sacrifice plus difficile, accepté par seulement 30% des personnes interrogées.
Parents: Réfléchissez avec vos enfants sur leur rapport à l’argent (le vôtre aussi, par la même occasion); apprenez-leur à gérer leur argent de poche, conseillez-les par rapport à leurs dépenses, préparez-les progressivement à comprendre la valeur de l’argent (par de petits travaux rémunérés par exemple) et sa gestion (par exemple allouer à son adolescent une petite somme mensuelle pour son budget vêtements dont il devient responsable… et tenez bon le jour où il n’aura plus ni slips ni argent!), enseignez-leur la générosité, surtout envers les plus pauvres, apprenez-leur à faire un budget, partagez leurs difficultés rencontrées au quotidien.
Un budget permet de planifier les dépenses en fonction des revenus et de mieux comprendre une situation financière particulière. Dans les cas de précarité, il est absolument indispensable pour faire face à l’avenir, chercher des possibilités de limiter les dépenses, trouver éventuellement de nouvelles recettes (prestations complémentaires, etc.). L’aide d’une personne compétente, extérieure à la famille, facilite l’établissement d’un budget réaliste.
Une situation financière précaire exige des solutions à court terme (se loger, se nourrir, etc.), à moyen et à long terme (trouver des revenus minimums, assainir la situation, etc.). L’intervention d’un professionnel des services sociaux est utile, voire indispensable. Agir avant que la situation se dégrade permet d’éviter de nombreux frais (intérêts de retard, poursuites, etc.). Des prestations peuvent être, dans certains cas, octroyées en plus des prestations complémentaires AVS/AI par Pro Juventute, Pro Senectute ou Pro Infirmis.
Désendettement: Votre budget permet-il d’établir un plan de désendettement? Si oui, il faudra négocier avec les créanciers. Sinon, les dettes partent à l’Office des poursuites et faillites. Ne cédez pas à la tentation de demander un crédit auprès d’un établissement spécialisé, cela ne fera qu’augmenter votre endettement! Prenez contact avec les services sociaux.
Pour en savoir plus:
Le CSP – Centre social protestant: service social polyvalent, Rue Beau-Séjour 28, 1003 Lausanne – Tél. 021 560 60 60. Propose également un dépliant gratuit Dettes: vos droits, nos conseils.
La FRC – Fédération romande des consommateurs: CP 6151, Rte de Genève 7, 1002 Lausanne – Permanence FRC conseil, lu-ve 9 h-13 h, sauf je 13 h-17 h – www.frc.ch