Allô, vidéo, bobo!
La règle actuelle des vidéos est celle en vigueur sur les montagnes russes du Japon: Toujours plus performant, toujours plus rapide, toujours plus secouant, toujours plus renversant...
Silence, on tourne! Ou plutôt , on re-tourne (les estomacs, s’entend !). Bienvenue dans le salon! Aujourd’hui, les clips tournent en boucle on the TV. “Ben oui, ça m’ fait un bruit de fond..” Menu du jour: hors d’œuvre MTV, plat de résistance MCM, dessert Viva. Tiens, le dernier clip de Slipknot (nœud coulant, en français): Left behind, super. En plus, le titre est le même qu’un bon bouquin chrétien.
Résumé succinct du clip en question: le groupe, masqué et maquillé en poupée satanique de bas étage, s’acharne sur ses instruments au fond d’une forêt, genre Blair Witch Project. La clairière idéale pour un pic-nic, avec la nuance que c’est le promeneur qui semble faire office de grillades pour les créatures qui la peuplent.
Donc, le récit: un enfant descend d’un bus dans une ville perdue des USA, entre dans une boucherie (situation des plus ordinaires pour les concepteurs du clip : selon eux, tout enfant rêve d’aller faire du lèche-vitrine dans les boucheries…). Pourquoi pas. L’enfant vient en fait travailler dans l’arrière-boutique : perdu parmi d’énormes quartiers de viande, il tranche avec un certain plaisir des pièces de viande. Gros plan sur le couteau, sur le mouvement sec et diablement efficace de la lame de l’enfant. Scène suivante: l’enfant est chez lui (maison désolante de solitude), Passent devant la maison quelques garçons de son âge ; ils lancent des pierres contre les fenêtres et échangent des regards haineux avec le petit habitant (comme le perspicace lecteur l’aura remarqué, le clip célèbre les vertus de l’amitié, de l’ouverture aux autres et des rapports harmonieux en communauté). La scène de l’amitié, de l’ouverture aux autres et des rapports harmonieux en communauté !). La scène continue: c’est maintenant l’orage qui se déclenche; la TV implose: l’enfant file se réfugier dans l’abri anti-tornade. C’est dans cette espèce de cave qu’il commence à se couvrir le visage de peinture rouge-sang. Long plan sur ses doigts dég..oulinants. La scène finale nous le montre à sa table de travail, contemplant avec un regard étrange le morceau de viande qu’il tranche avec une profonde jubilation. Ici encore, notre lecteur (ou spectateur) sera sensible à la symbolique de l’image: ce défoulement beefsteackien permet au jeune garçon de libérer toutes ses pulsions revanchardes, en imaginant qu’il découpe ses petits voisins en tranchettes…
Enfin, la dernière séquence nous montre la clairière où Slipknot, toujours en pleine forme, continue de hurler sur fond de décibels, contribuant à faire de ce clip un chef-d’œuvre de violence et d’appel à l’agressivité.
Clip suivant: Eminem, Fight Music. Ah que voilà un titre porteur. Le roi de la tronçonneuse, l’éminence blonde du rap raconte les joies du combat de rues : la rencontre avec la bande rivale, les injures pour briser la glace, les battes de base-ball pour briser le crâne.
Rezap: Voici Marylin Manson et le clip extrait de son album Fight Song. Une belle histoire d’athlètes, où deux équipes de football américain s’affrontent sur un terrain sombre (on joue en pleine nuit et sans public aux USA ?) et pluvieux. Le match se déroule très sportivement : On y fait déchirer le drapeau américain, on détruit la palissade, on fait brûler une croix. Des sportifs qui font plus penser à un groupe d’Orques ou de Gobelins qu’à un Zidane. Tous ces équipiers transforment ce match en une lutte du Mal contre le Bien ; la chanson intitulée Holy Wood (attention , jeu de mots !) met à mal tout une série d’éléments liés à ce qui est saint (holy, en anglais). Violence et agressivité font évidemment triompher le Mal. Ah les joies du sport!
Shanan