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Tonnerre de Brest! La BD a le vent en poupe!

Mission Cléopatre, ça ne vous rappelle pas quelque chose? Mais par toutatis, ce n’était pas notre Gaulois d’Astérix qui quittait sa bande dessinée pour rejoindre sa bande de comédiens! Mais quelle potion magique a bien pu prendre Obélix pour cartonner autant sur le grand écran?

Au delà de la potion du marketing, il y a un véritable phénomène dans le monde de la Bande Dessinée. Vous n’avez peut-être rien vu venir? Alors Chadrack a décidé de se pencher sur cette véritable révolution, afin d’en comprendre les enjeux.

La Bande Dessinée n’est plus un genre mineur! Ce n’est pas simplement l’effet Titeuf avec ses 3 millions d’albums vendus en France chaque année, mais un véritable engouement pour ce genre qui était jusqu’alors le parent pauvre de l’industrie du livre. Il y a maintenant chaque année des dizaines de films inspirés de BD, comme Blueberry, pour ne citer que le dernier en date. Ce phénomène se traduit également par des ventes records d’albums : rien qu’en 2002, il y a eu 30 millions d’albums vendus pour 2000 nouveautés, ce qui fait plus de 150 nouveaux titres par mois!

C’est énorme lorsque l’on pense que chaque maison d’édition continue d’augmenter son nombre de nouveautés, la palme revenant à Dargaud qui augmente de 30% ses sorties de nouveaux titres en 2002! Imaginez qu’il faut vendre environ 10'000 albums pour amortir les frais, car l’impression coûte cher, et qu’il faut environ un an pour dessiner un album. Ajoutez à cela que la majorité des albums se vendent dans le dernier trimestre de l’année (avant les fêtes de Noël) et vous comprendrez les risques que prennent certaines maisons d’édition.

Depuis 7 ans, la BD est donc le genre littéraire le plus vendu avec une grande médiatisation des nouveautés. Le marketing ressemble de plus en plus à celui du cinéma : des best-sellers mis en avant dans tous les points de vente possible, des prix cassés en grande surface, des annonces dans les journaux, des prépublications dans les quotidiens, etc… A ce rythme la, on vous offrira bientôt un album de Spirou à l’achat de 2 croissants au bar du coin ! Quelques petits nuages se dessinent tout de même à l’horizon avec le méga flop de la dernière sortie de Bilal (32 décembre). Est-il un signe précurseur de l’épuisement du lectorat ? Avec ses milliers d’invendus, Bilal a provoqué l’éditeur, Les Humanoïdes Associés, à se jeter dans les bras de gros investisseurs étrangers. Pourtant rien ne semble se généraliser dans le sens du fléchissement des ventes, mais il y a dix ans, la même escalade s’était soldée par la faillite de nombreux éditeurs et une chute brutale du nombre de parutions.

Pour l’instant on constate donc un cercle vertueux dans la Bande Dessinée ces dernières années. Sapristi, cette accélération des ventes et l’augmentation du volume de production ne sont tout de même pas survenus par hasard. En fait, il s’agit de la conjonction de plusieurs facteurs qui s’entraîne mutuellement dont voici schématiquement les grands axes.

A la fin des années 80 et début 90, la Bande Dessinée a passé par un énorme désastre: Dargaud au bord de la ruine, tous les journaux BD en faillite (sauf Fluide Glacial), des sorties affligeantes de conformisme, bref c’était le désastre. Mais caché dans ces champs de ruines, de nouvelles maisons allaient se construire : elles vont complètement renouveler le genre ! L’Association en fait partie: une petite structure underground qui va avec ses petites histoires en noir et blanc intéresser un public intellectuel normalement réticent à la Bande Dessinée. En plus, elle introduit le genre du témoignage BD en francophonie, donnant du coup plein de nouvelles idées aux auteurs et renouvelant le sens à donner aux histoires. Depuis l’Association, la BD n’est plus un super beau dessin avec une histoire, mais une bonne histoire… dessinée. Une autre maison qui a incité au renouvellement de la BD est la fabrique à Guy Delcourt. Ancien rédacteur en chef de Pilote (un journal mythique dans le monde de la BD) au chômage (puisque plus de journal) se lance dans le recrutement de jeunes auteurs jamais (ou presque) édités et leur propose une plateforme de lancement. Ces jeunes auteurs vont ainsi complètement rafraîchir les styles déjà bien ancrés de la Bande Dessinée comme la SF (science-fiction), l’heroic fantasy, l’humour, etc.. Delcourt va en fait réanchanter les désillusionnés de la BD.

Les autres maisons d’éditions vont commencer d’imiter les petits nouveaux en ouvrant leur catalogue à de nouvelles collections ou de nouveaux auteurs. Dans ce même courant de fraîcheur, apparaît un illustre inconnu que Glénat décide d’éditer (en noir et blanc, pour ne pas prendre trop de risques, tout de même): un dénommé Zep, dessinateur de Titeuf. Après des années de galère en France, voilà que le succès arrive! Ce succès est dû à un lectorat de jeunes ados. Conscient de ce nouveau marché, Glénat lancera une collection Manga qui lui est destiné et lancera «Tchô la collec». Les adolescents choisissent des BD qui leur sont spécifiques provoquant un nouveau besoin d’albums avec un nouveau ton.

Parallèlement à ce renouvellement, les grandes maisons d’éditions historiques sont confrontées à un problème: la mort des grands auteurs. Car si Dargaud existe encore aujourd’hui, s’est bien grâce à Astérix qui représentait plus du 40% du chiffre d’affaire lors de la grande crise. Alors comment faire pour continuer de vendre des Tintins ou des Astérix lorsqu’il n’y a plus de nouveautés ? Les dessins animés, n’ont pas réussi à égayer les plus de 13 ans. La planche de salut se trouve donc vers le cinéma, le vrai, avec des héros en chair et en os. Astérix se lance, puis Largo Winch, puis Michel Vaillant, Blueberry… et bientôt Tintin! Le cinéma fait alors exploser les ventes des albums des héros respectifs. Le cinéma ne fait pas que d’adapter des œuvres de héros connus, mais à force de chercher des scénarios nouveaux, l’industrie du cinéma va pêcher quelques BD presque inconnues et les adapte en film. Certains comme Les sentiers de la perdition (Delcourt) ou From Hell (Delcourt) sont des œuvres réussies, autant du côté de la BD que du cinéma. Cette synergie va en effet profiter à la bande Dessinée qui gagne ainsi de nouveaux lecteurs.

Espérons que l’embellie du genre profite plus à des sorties traitant de l’amour de Dieu que de la méchanceté humaine!

Mistof

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