Un créateur de BD... fou de Jésus!

Interview d’Alain Auderset et de Sandra par Gaël Letare

Pour rencontrer Alain, il faut se rendre à Saint-Imier, petite ville du Jura bernois qui ressemble à s’y méprendre aux paysages de sa dernière bédé en date, Les indécrotables questions de Willy Grunch. C’est là, dans son atelier installé dans une ancienne église, qui est aussi sa maison, qu’Alain me reçoit.

Gaël: Y a-t-il une différence entre un artiste chrétien et un artiste tout court?

Alain: Le «tout court» n’est pas très grand (rires)... Non! Il y a beaucoup de gens qui disent: «Je suis chrétien», parce qu’un jour ils ont donné leur vie au Seigneur. Mais c’est tous les jours qu’il faut donner sa vie! Si quelqu’un a une relation avec Dieu tous les jours et qu’il fait de l’art, là il y a une différence!

Gaël: Quelles sont tes sources d’inspiration?

Alain: Le temps que je passe avec Dieu et ce que j’observe autour de moi. L’inspiration peut par exemple me venir d’une conversation avec une dame dans le train qui m’a dit qu’elle ne voulait plus croire en Dieu pour diverses raisons... J’aimerais lui répondre ceci (une image)... et je le dessine.

Il y a aussi la forêt. J’y vais souvent. Lorsque je vois le ciel bleu qui se mélange avec le blanc de la neige et le brouillard... Quand je vois le véritable artiste, c’est une source d’inspiration!

Gaël: On dépeint souvent les artistes comme des grands enfants rêveurs. Est-ce vrai?

Alain: Il faut être rêveur... C’est ce qu’on leur reproche, d’être dans la lune... Mais c’est normal! Toute la journée tu cherches à créer autrement que ce qui existe!

Gaël: La réussite, est-ce un but en soi pour toi?

Alain: C’est vrai qu’on a souvent faim (rires)... Non, mon but est de changer des vies avec l’aide de Dieu. C’est un boulot en collaboration. Dieu fait le nonante-neuf pour cent et moi le petit truc qui reste.

Gaël: As-tu un conseil à donner aux jeunes artistes?

Alain: A part de ne pas se droguer? J’en ai un super: «Celui qui ne reconnaît pas ses fautes ne progresse pas!» Donc, en art, le gars qui sait tout et qui ne veut pas entendre les conseils des gens ne peut pas progresser.

Gaël: Deux mots sur ta dernière bédé...

Alain: Elle s’appelle Les vacances de Marcel. Cela fait deux ans et demi que je bosse dur dessus et que j’ai l’impression de ne pas avoir de vacances... Mais je suis sur la plage et je me marre tout seul en voyant ce que Marcel fait. Et je bronze aussi, je bronze à l’ordi!

Quelques questions à Sandra, une jeune femme dotée d’un sens débordant de créativité et touche à tout: peinture, poésie, couture... elle aide de temps en temps Alain pour le coloriage des dessins.

Gaël: En quoi ta relation avec Dieu influence ce que tu crées?

Sandra: J’admire ce que Dieu fait. Je trouve cela beau et il y a une envie en moi de créer des objets qui sont beaux. Par exemple, quand je couds, je fais attention aux petits détails, car j’aime les petits détails que Dieu fait. Dieu a mis en nous l’envie de créer, mais nous restons conscients que le plus grand créateur, c’est lui.

Gaël: Lorsque tu crées, est-ce une manière de louer Dieu?

Sandra: Quand tu crées et que tu penses à Dieu en le faisant, cela rend heureux et tu as envie de rendre heureux avec ce que tu crées.

Gaël: As-tu ta propre définition de l’art?

Sandra: L’art, c’est un élan. Je ne sais jamais avant de faire quelque chose ce que je vais faire, je ne peux pas le programmer... c’est un élan!