Notre monde de fous...

Pour se mettre en jambes avant le petit marathon de ce dossier, nous vous proposons quelques pensées en vrac qui n’ont d’autre but que d’échauffer les muscles de notre réflexion. Une deuxième partie ouvrira quelques pistes pratiques.

L’épreuve de la liberté et de l’abondance

Des chrétiens persécutés d’Asie centrale ont envoyé aux chrétiens d’Occident cette exhortation: «Il y a deux sortes d’épreuves pour l’Eglise: la persécution et la liberté. Beaucoup d’églises de Russie ont tenu bon sous la persécution, mais, quand la liberté est venue, elles n’ont pas su faire face. Nos églises sont mises à l’épreuve par la persécution, les vôtres par la liberté. Résistez à cette épreuve avec courage et faites pleinement confiance au Seigneur.»
A leurs propos, j’ai envie d’ajouter la remarque de Paul, dans Philippiens 4:11-12: «J’ai appris à être satisfait de ma situation. Je sais vivre dans la pauvreté et je sais vivre dans l’abondance.» Les deux s’apprennent!

Un déluge d’informations

Les nouveaux modes de communications permettent aux informations du monde entier de parvenir, pratiquement en temps réel, à l’autre bout du monde; c’est formidable, et dans le même temps redoutable! Comment allons-nous gérer ces masses d’informations, trier celles qui sont importantes de celles qui sont secondaires ou inutiles? Les journalistes qui nous informent font-ils encore ce travail? sur quels critères? Pour ma part, je remarque que les médias nous parlent quelques jours avec une surabondance de détails (qui frisent souvent l’indécence et le voyeurisme) d’un événement, puis ils passent à autre chose. Par contre, ils ne parlent (presque) jamais de certains drames chroniques qui touchent pourtant des millions de personnes, comme la persécution envers les chrétiens par les islamistes dans le nord du Nigeria.

De l’aveu même du reporter Jean-Claude Guillebaud (dans Bonne Nouvelle d’avril 2012), «l’appareil médiatique est devenu un empire sans empereur». Il relève que la surinformation produit une forme de désinformation et que les journalistes n’ont plus le temps de faire leur travail de choix, de vérification et de mise en perspective des informations; c’est une course à qui sera le premier à lâcher l’info. Et, même si la presse renonçait courageusement à relayer une info ou des images pour des raisons éthiques, on les retrouverait vite fait sur le net!

De vrais tyrans, ces petites merveilles technologiques!

Les gadgets technologiques qui envahissent notre quotidien (iPhone, tablettes, internet, télévision, voitures, avions, etc.) deviennent vite de vrais tyrans, des prisons parfois, des facteurs de stress et des bouffe-temps si nous ne les dominons pas. Quelques exemples:

‒    On parcourt facilement des dizaines, voire des centaines de kilomètres pour un oui ou pour non, juste parce que c’est facile.
‒    On part en week-end à deux ou trois heures d’avion juste pour le plaisir, sans prendre en compte la fatigue et la pollution.
‒    On consulte toutes les cinq minutes son portable, alors que des amis sont en train de parler avec nous.
‒    On finit par préférer passer du temps avec son ordinateur sur le réseau social Facebook plutôt qu’avec une personne en chair et en os.
‒    On perd parfois beaucoup de temps avec des jeux, des gadgets ou à divaguer sur le net, à chatter ou à babiller sans fin au téléphone, alors que des choses prioritaires sont négligées.

Une période de jeûne de tous ces gadgets (non, tu plaisantes? J’peux pas m’en passer!) peut nous ouvrir les yeux et nous aider à les remettre à leur place: Jésus au centre, nous à son service et eux comme des outils pour servir ses buts.

Distractions, urgences et priorités

Les distractions (loisirs, jeux, communications informatiques, nouvelles technologiques, consommation, etc.) peuvent se transformer insidieusement en obsession, voire en oppression destructrice… et pourtant aimée; c’est un danger intérieur le plus souvent ignoré. Beaucoup de personnes vivent et travaillent en vue de leurs vacances et de leurs loisirs. Les distractions sont devenues le but de leur vie. Je me demande si elles réfléchissent de temps en temps au sens de leur existence et quel regard elles auront, à la fin de leur vie, sur ce qu’elles en ont fait.

Nous avons besoin de réfléchir et d’adopter des principes clairs, qui soient en accord avec nos valeurs et nos priorités (relation avec Dieu, avec la famille, avec l’entourage, travail, écologie…) pour que ces gadgets restent des outils qui servent nos buts. Ils doivent devenir nos serviteurs et cesser d’être nos maîtres. Il ne leur appartient pas de nous dicter notre emploi du temps et nos «urgences» (pour ma part, et suivant ce que je suis en train de faire, un téléphone qui sonne n’est pas prioritaire; il sonne très rarement pour de vraies urgences!).

Pistes pratiques

Vous l’aurez remarqué, ce dossier est très vaste et pourrait développer des pistes dans d’autres directions… mais nous n’avons pas la prétention d’être exhaustifs! L’essentiel est d’apprendre à discerner, parmi les moyens et les outils fantastiques et innombrables qui sont à notre disposition, lesquels sont utiles à notre croissance et au développement du royaume de Dieu. Puis de les utiliser avec sagesse et parcimonie, pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes sans nous polluer de choses douteuses et sans nous rendre dépendants ou nous faire perdre notre temps.
Beaucoup d’enjeux sont liés à notre emploi du temps, à nos valeurs et à nos priorités. Il est donc primordial de prendre un moment à part pour réfléchir tranquillement à quoi ressemble notre vie et si elle atteint nos objectifs comme un week-end/retraite tous les deux ou trois ans, par exemple.

Quelques questions à se poser avant d’accepter de nouvelles responsabilités…

‒    Est-ce dans mon appel et les dons que Dieu m’a donnés?
‒    Sont-elles compatibles avec l’éthique biblique?
‒    Ai-je les forces et le temps d’assumer sur la longueur ces responsabilités?
‒    Cela va-t-il nuire à d’autres engagements ou tâches?
‒    Si oui, quelles sont mes priorités?
‒    Devrai-je me libérer d’autres engagements pour pouvoir bien assumer celui-ci? dans quels délais?
‒    Puis-je essayer ces responsabilités quelques mois avant de prendre une décision définitive?
‒    Quel temps me reste-t-il pour les choses prioritaires: relation avec Dieu et avec ma famille, études?
‒    Quelle est la durée vraisemblable de cet engagement (plus il est long, plus il est important d’y réfléchir)?
‒    Qu’en pense mon Seigneur?

… ou d’acheter un nouvel appareil

‒    Pourquoi est-ce que j’envisage cet achat (mes motivations)?
‒    Pour quoi est-ce que j’envisage cet achat (dans quel but)?
‒    Est-il compatible avec l’éthique biblique? avec quelles restrictions?
‒    Quels sont les avantages par rapport aux appareils similaires que je possède déjà?
‒    Quels inconvénients ou dangers sont liés à son utilisation?
‒    Ai-je l’argent pour le payer sans entamer mon budget ordinaire et sans m’endetter? et pour son entretien ou les abonnements y relatifs?
‒    Combien de temps par jour ou par semaine vais-je passer avec ce nouvel outil? Est-ce raisonnable?
‒    Qu’en pense mon Seigneur?

Une chose est sûre, nous ne pouvons pas diaboliser les technologies modernes, ni les banaliser ni les prendre à la légère. L’essentiel n’est pas dans ces outils, mais dans notre relation avec Dieu. L’utilisation que nous en faisons et nos choix dépendent principalement de la place que nous donnons à Dieu dans notre vie.

Anne Kreis