La nébuleuse autour du gothisme
En explorant le monde et les alentours du gothisme, nous avons découvert une grande nébuleuse aux multiples ramifications qui déclinent sous diverses formes le ténébreux, le morbide, la provocation, l’importance du look et ses rituels, la fierté d’appartenir à une race supérieure, le piercing et le tatouage, la haine, les sacrifices, la magie et l’occultisme, le sadomasochisme, ainsi que d’autres formes de perversions sexuelles.
Il existe en effet de nombreux liens et «passages» entre le gothisme, le néonazisme, le satanisme et le vampirisme. Tous ces mouvements ont leur histoire propre, leurs légendes, leurs credo, leurs évolutions respectives et leurs rivalités, souvent assez fortes. Toutes ont aussi leurs vrais adeptes et des «joueurs de rôle», qui en adoptent le look, la musique, le langage, mais en ignorent les fondements et les enjeux. De même, il existe des groupes structurés, très hiérarchisés et dont les rites sont institués, et une multitude d’individus ou de groupuscules qui se font et se défont au fil du temps et dont les croyances et les rituels sont aussi divers que fantaisistes.
Franchement nous étions loin d’imaginer le succès, la prolifération, la diversité et la multitude de ces groupes et sous-groupes noirs, opaques, malsains qui rivalisent d’imagination (ou d’influences démoniaques… selon notre grille de lecture) pour développer des explications et des théories plus fumeuses les unes que les autres. C’est tout simplement hallucinant! A la lecture de ces théories (dans un livre* qui rapporte les études dans ce domaine d’un chercheur mandaté par le Ministère français des affaires sociales), on se croit tout bonnement en pleine fabulation ou délire psychiatrique, tellement la confusion et les histoires hallucinantes fleurissent. Intéressante aussi la manière très méprisante dont ils voient les chrétiens: faibles, soumis à un dieu mauvais et hypocrite qui a fait d’eux des esclaves, alors qu’eux-mêmes se jugent forts et de race supérieure.
Ce qui est inquiétant, c’est la fascination qu’exercent ces mouvements ténébreux sur une certaine jeunesse, un peu paumée, en perte de repères et d’identité. Ils vont y trouver une forte appartenance – qui va souvent les couper de leurs proches et les désocialiser –, une valorisation (ils font partie d’une élite supérieure), cela fréquemment au prix d’une déstructuration de leur personnalité.
Dans cette nébuleuse, la musique est l’un des éléments importants de la culture de chaque mouvement, selon les cas: black metal, gothique, punk, voire ska, hard, celte, rap… Mais surtout, cette musique constitue pour certains jeunes la porte d’entrée vers ces mouvements, qu’ils ignoraient largement jusque-là. Ces musiques, et plus précisément certains groupes – engagés ou non dans ces sectes mais utilisant leur look, leur langage et leurs idées – peuvent donc être pour certains l’antichambre vers ces mouvements et idéologies fumeuses, ténébreuses et morbides. Et ce n’est pas une étiquette de «chrétien assis entre deux chaises» qui les protègera! A bon entendeur, salut!
* Satanisme et vampyrisme, le livre noir, de Paul Ariès, Editions Golias
Anne Kreis