Faut-il croire Da Vinci Code?
Da Vinci Code, roman de l’Américain Dan Brown, est un best-seller mondial; il raconte que Jésus était l’époux de Marie-Madeleine et l’ancêtre des Mérovingiens. Crimes et complots, jeux et énigmes jalonnent l’intrigue. Le problème est qu’il est présenté comme un roman historique. C’est une fiction cherchant à convaincre le lecteur qu’elle est fondée sur des faits. Cela trompe beaucoup de monde, même parmi les croyants, preuve à l’appui ces commentaires: «Cela montre que la Bible ne peut être exacte et que le texte a été modifié», «Cela m’a presque fait perdre ma foi.»
Alors de quoi est-il question?
Nous n’avons pas à nous pencher sur la trame de l’histoire, ni sur des questions annexes telles que les chevaliers des Templiers, le prieuré de Sion, les œuvres de Léonard de Vinci, les attaques contre l’Eglise catholique et l’Opus Dei. Les racines et le fond du livre sont théologiques et même christologiques. Tout est construit sur une théorie de Jésus. Tout le reste n’a de sens que si cette théorie est avérée.
Quelle est la thèse centrale de Da Vinci Code?
Da Vinci Code affirme par ses personnages que «presque tout ce que nos pères nous ont appris sur le Christ est faux». L’Eglise catholique aurait maintenu les faits cachés par la force de la terreur. Jésus était en fait marié à Marie-Madeleine (qui était le disciple principal). Le saint Graal n’est pas le calice utilisé lors de la cène, mais l’utérus de Marie-Madeleine qui a porté la fille de Jésus, Sarah. Leurs descendants ont été les rois de France.
Jésus n’était pas le Fils de Dieu. Il était un prophète mortel, un homme grand et puissant qui a inspiré à des millions de personnes le désir d’une vie meilleure. Il était aussi un féministe radical. Il était un homme bon qui a été déifié par l’empereur Constantin Ier au concile de Nicée en 325 après Jésus-Christ. Il est devenu Fils de Dieu par un vote de justesse. Avant cela, personne ne croyait que Jésus était le Fils de Dieu.
Comment l’auteur en arrive-t-il à cette conclusion?
Son argument est que les premiers écrits chrétiens ne sont pas en accord avec la Bible. Constantin Ier aurait assemblé la Bible telle que nous la connaissons aujourd’hui. Il aurait rejeté des douzaines d’autres «évangiles» et réécrit les quatre qui figurent dans notre Bible. Des milliers d’évangiles auraient été brûlés ou interdits, mais certains auraient survécu comme par exemple le document Q, les manuscrits de la mer Morte et les écrits de Nag Hamadi. L’Eglise a dissimulé la vérité à propos de Jésus. C’est la plus grande conspiration et dissimulation de l’histoire depuis deux mille ans.
Des rumeurs de cette conspiration auraient été chuchotées pendant des siècles de différentes manières (art, musique et littérature) et plus particulièrement dans les peintures de Léonard de Vinci. Le secret aurait été gardé jusqu’à nos jours par une confrérie clandestine dont Léonard aurait été membre. La thèse centrale de Da Vinci Code est que le christianisme tel que nous le connaissons serait une imposture de grande envergure.
Dan Brown croit-il personnellement que tout cela soit vrai?
Il y a ici une certaine ambiguïté. Sur le site internet de Dan Brown, nous pouvons lire: «Je crois que les théories discutées par les personnages se tiennent.» Il n’affirme pas qu’elles sont exactes ou vraies, mais il est en désaccord avec ceux tentant de réfuter le Da Vinci Code. Il se qualifie de chrétien mais se différencie de ceux qui acceptent la Bible comme un fait historique immuable. «Je me considère comme un étudiant en nombreuses religions.»
Quelles sont ses preuves? Y a-t-il des preuves d’une version de l’Evangile antérieure à celle dont nous disposons dans le Nouveau Testament?
Da Vinci Code cite trois sources:
A) Le document Q: Da Vinci Code décrit le légendaire «document Q» comme étant un manuscrit dont même le Vatican admet l’existence. C’est prétendument un livre «des enseignements de Jésus, peut-être écrit de sa propre main». Il désigne, pour les exégètes, la source supposée des passages des Evangiles synoptiques où Matthieu et Luc montrent une similitude entre eux mais non envers Marc. Il est en grande partie constitué des paroles attribuées à Jésus. L’existence de ce document est d’une certaine manière sans importance. L’intérêt réside dans le fait que nous savons en gros ce qu’il contient d’après ce que disent les Evangiles de Matthieu et de Luc. Il n’y a rien de nouveau dans tout cela et il n’y a certainement rien pour troubler notre foi dans les livres qui constituent le Nouveau Testament. Le document Q n’ajoute rien à ce qu’il y a déjà dans le Nouveau Testament et n’est pas non plus en contradiction avec les Evangiles dont nous disposons.
B) Les manuscrits de la mer Morte: Ils ont été trouvés en 1947 près de Qumran et contenaient trois éléments:
- Tous les livres bibliques de l’Ancien Testament sauf celui d’Esther.
- Les commentaires bibliques, les psaumes et les cantiques.
- Les écrits relatifs à la communauté elle-même.
Il est vrai que des retards de publication ont été à l’origine de théories de conspiration selon lesquelles les manuscrits contiendraient des informations qui devaient ébranler le christianisme. Cependant, il n’est plus possible de l’affirmer car tous les manuscrits sont maintenant publiés. Il n’y est fait aucune mention de Jésus, de Paul ou de Jean-Baptiste. Non seulement ils ne sont pas les plus anciens écrits chrétiens, mais il ne s’agit tout bonnement pas d’écrits chrétiens.
C) Les documents de Nag Hamadi En 1945, deux paysans de Haute-Egypte ont découvert une jarre contenant des manuscrits coptes du quatrième siècle qui fournissent une bibliothèque gnostique unique pour notre connaissance du gnosticisme (mouvement difficile à définir; comme le nouvel âge d’aujourd’hui, il était ésotérique, décentralisé et éclectique). Il contient une dualité radicale entre l’esprit et la matière, considérée comme mauvaise. C’était le plus grand défi à la foi chrétienne naissante du deuxième et du troisième siècle.
Il n’y a aucun secret sur ce qui a été découvert à Nag Hamadi (contrairement à ce que sous-entend Da Vinci Code), puisque tout est publié. Les «évangiles» gnostiques ne sont pas historiques, ils ont été écrits des générations après les faits alors qu’ils se réclament d’une connaissance directe et secrète. La plus grosse partie est une pseudo-épigraphie, ce qui est au mieux un procédé littéraire et au pire une escroquerie. Da Vinci Code cite en particulier trois de ces «évangiles» comme preuve: l’Evangile de Thomas, l’Evangile de Philippe (qui contient le passage sur lequel il s’appuie pour suggérer que Jésus était marié à Marie-Madeleine¹) et l’Evangile de Marie, qui appartient aussi au genre gnostique². C’est à partir de ces écrits que Dan Brown conclut que, «selon ces évangiles non modifiés, ce n’est pas à Pierre que le Christ a confié l’Eglise, mais à Marie-Madeleine».
Existe-t-il une preuve que Jésus ait été marié à Marie-Madeleine?
Il y a au moins une douzaine de référence à Marie de Magdala dans les quatre Evangiles. Même les évangiles gnostiques ne suggèrent pas qu’il était marié. Ils ne mentionnent pas non plus d’enfant.
La divinité de Jésus est-elle une «nouveauté» datant de 325?
Le livre suggère que personne ne croyait que Jésus était Dieu avant 325: «Constantin commanda et finança une nouvelle Bible, qui omit les évangiles qui mentionnaient les traits humains du Christ et embellit les évangiles qui le faisaient paraître plus divin…» En fait, c’est tout le contraire. Les évangiles gnostiques ont tendance à omettre les traits humains de Jésus pour l’embellir et le rendre plus divin.
Le Nouveau Testament affirme l’entière humanité de Jésus. De plus, il est faux de déclarer qu’avant 325, personne ne croyait en la divinité du Christ. De nombreux Pères de l’Eglise parlent de la divinité du Christ. Da Vinci Code ne réussit pas à produire l’ombre d’une preuve tangible qu’il existait une forme ancienne de christianisme où «personne ne croyait que Jésus est Dieu». Les preuves historiques vont toutes à l’opposé.
Que s’est-il passé à Nicée et quel a été le rôle de Constantin Ier?
«La proclamation de Jésus comme Fils de Dieu a été officiellement proposée et votée par le concile de Nicée. La divinité de Jésus a été le résultat d’un vote très serré.» Il est vrai que Constantin Ier a convoqué le concile de Nicée en 325 après Jésus-Christ, mais c’était pour mettre fin à la discorde provoquée par la controverse arienne. Le débat n’était pas sur le fait qu’il était ou non Fils de Dieu, mais sur celui de savoir s’il était de même nature que le Père ou un Dieu moindre. Le vote n’a pas été un «vote serré», mais à plus de quatre-vingt-dix-neuf pour cent en faveur de la vraie foi.
Il n’est pas vrai non plus de dire que la Bible a été assemblée par l’empereur Constantin Ier, qui n’a rien à voir avec la mise en place du canon de l’Ecriture. Le canon était déjà fixé au quatrième siècle. Les évangiles gnostiques n’ont jamais fait partie des livres candidats pour y figurer. Ils ont été écrits un siècle trop tard pour avoir été écrits par les personnes nommées (Thomas, Philippe ou Marie-Madeleine).
Si Dan Brown présente Da Vinci Code seulement comme un roman, alors tout va bien. S’il le prétend fondé sur des études sérieuses, alors il frôle le ridicule. C’est un mythe gnostique du vingt et unième siècle.
Quelle est la vérité?
Le Nouveau Testament présente les faits sur la personne du Christ. Les Evangiles indiquent que le Christ historique se proclamait lui-même à la fois Dieu et homme. Les Evangiles, le livre des Actes et les épîtres montrent clairement que les premiers chrétiens en étaient convaincus, ce qui a été confirmé, suite aux premières controverses, au concile de Chalcédoine en 451: «Un seul et même fils … vrai Dieu et vrai homme … comme nous en toutes choses excepté le péché.» Cela a été accepté comme la définition classique, «orthodoxe», de la foi chrétienne. La vérité est que Jésus est mort pour nos péchés, ressuscité des morts et que le pardon est possible. Ces faits ont transformé la vie des premiers chrétiens. C’était un message pour lequel beaucoup d’apôtres et de chrétiens étaient prêts à mourir. C’est un message qui a transformé l’ancien monde et continue de transformer notre monde.
Comment devons-nous réagir?
«Voici ce que je te demande avec force, devant Dieu et devant le Christ Jésus qui viendra juger les vivants et les morts et qui va paraître comme roi: annonce la parole de Dieu, insiste toujours, même si ce n’est pas le bon moment. Corrige les erreurs, fais des reproches et encourage avec beaucoup de patience, en cherchant toujours à enseigner. En effet, un moment viendra où certains ne voudront plus écouter l’enseignement juste. Mais ils suivront plutôt leurs désirs. Ils feront appel à une foule de maîtres qui leur diront ce qu’ils ont envie d’entendre. Ils fermeront leurs oreilles à la vérité et ils les ouvriront pour écouter des histoires fausses. Mais toi, sois raisonnable en toutes choses. Supporte la souffrance, travaille à annoncer la Bonne Nouvelle, sois un parfait serviteur de Dieu.» (2 Timothée 4:1-5)
D’abord nous ne devrions pas être surpris! Ensuite nous devons être prêts à annoncer la parole de Dieu. Enfin nous devrions être engagés à assurer que la vérité soit dite. La réponse aux ténèbres est la lumière. Les mythes n’ont pas le pouvoir de changer les vies. Seul le message du vrai christianisme a le pouvoir de libérer de l’héroïne, de réunir mari et femme et de changer les communautés.
Da Vinci Code est un excellent roman qui séduira les amateurs de suspense et de complots. Les amateurs d’information religieuse et biblique seront très déçus: le roman compile les thèses les plus farfelues circulant dans les cercles ésotériques. Si l’auteur a cru bon d’affirmer que tout est vrai, c’est pour mieux piquer au vif la curiosité du lecteur… et il a manifestement réussi!
Source: Homélie du pasteur Nicky Gumbel, présenté par AlphaNews (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.) résumé par Anne Kreis
¹ «Et le compagnon de (…) Marie-Madeleine. (l’aimait) plus que (tous) les disciples (et avait) l’habitude de l’embrasser (souvent). Le reste (des disciples). Ils lui demandaient: Pourquoi l’aimes-tu plus que nous?» ² «Et Pierre dit: Le Sauveur a-t-il vraiment parlé à une femme à notre insu? Devons-nous nous tourner vers elle et l’écouter? La préfère-t-il à nous? Et Lévi répondit: Pierre, tu as toujours été prompt à t’emporter. Maintenant je te vois te dresser contre cette femme comme face à un adversaire. Si le Sauveur l’estime digne de valeur, qui es-tu en vérité pour la rejeter? Le Seigneur la connaît sûrement très bien. C’est pourquoi il l’aime plus que nous.»